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Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/222

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Les progrès

Lucette ne jugea point à propos d’écouter leur verbiage ; au grand étonnement de ces Meſſieurs, elle fut inſenſible aux choſes fines qu’ils lui adreſſerent ; elle n’étoit occupée que de ſon rôle, & ne daignoit ſeulement pas ſourire. Ils furent obligés de l’abandonner, & trouverent aſſez de quoi ſe dédommager.

Quand quelque libertin, raſſuré par l’état de notre héroïne, oſoit lui parler ſans façon, elle prenoit un air ſi courroucé, ſi noble, ſi vertueux ; elle lui diſoit avec tant de modeſtie qu’il ſe trompoit, que le pauvre homme, pétrifié, perdoit toute ſon audace, & devenoit bientôt auſſi retenu, auſſi timide, qu’il avoit été d’abord entreprenant.

On ne l’abordoit que pour la