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Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/249

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du Libertinage.

jamais ; ces lévres furent privées de leur corail, de cette fraîcheur aimable qui les embelliſſoit encore ; elles ſe flétrirent, ſe deſſécherent ; ſa peau ſe jaunit : l’Amour vit s’applatir, s’abbaiſſer une gorge qu’il avoit arrondie lui-même ; ſes bras autrefois blancs & potelés, ſont ſecs & décharnés. Que Lucette eſt différente de ce qu’elle étoit ! Ce n’eſt plus cette Beauté, que les Grâces, que les Plaiſirs environnoient, dont la vue rempliſſoit d’allégreſſe, qui pouvoit faire la félicité de l’Univers entier ; c’eſt un ſpectre gémiſſant, qui peut ſe traîner à peine : les maux cuiſans, le dégoût, les ſoucis l’accompagnent ; on l’évite avec ſoin ; on recule à ſon aſpect, ſaiſi d’effroi & d’horreur. Voilà un foible tableau de