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Page:Nougaret - Lucette, ou les Progrès du libertinage, 1765-1766.djvu/72

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Les progrès

brebis égarée. D’Arneuil vint troubler le tête-à-tête : il cherchoit Lucette, & le hazard le conduiſit. Il plaiſanta l’Abbé, qui ſortit en pirouettant.

Charmé d’avoir le champ libre, le Marquis regarda tendrement Lucette, & lui parla ainſi, pour tâcher de l’adoucir en ſa faveur : « Mon ange, vous êtes trop méchante : ce n’eſt pas l’uſage. Vous ſerez au mieux quand je vous aurai donné des leçons ſur le bel air : l’Opéra vous formeroit, je veux vous y mener. Oh ! ça, ma reine, ſoyez ſûre que je ſuis fou de vous ; en honneur, je vous aime : vos deux yeux fripons m’ont troublé, anéanti. Vous êtes raviſſante : vous me ſerez chere juſqu’au tombeau. »