Aller au contenu

Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
COMME ELLES SONT


Les craintes se réalisèrent ; de mille façons
Furent mutilés les maladroits amants ;
Plus d’une effrontée se rit de leur disgrâce
Et changea leurs plaisirs en pleurs.
Si nombreux furent les scandales et les disputes,
Qu’il n’est langue au monde capable de les narrer.

Plus d’un mari revint à la maison
Et se coucha auprès de sa femme,
Ayant ce jour-là prêté à une maîtresse
Son meuble le plus cher et le plus précieux,
Et n’ayant pu le ravoir d’elle
Ni par caresses, ni par menaces.

Si grave infraction aux lois de l’hymen
Entraînait de l’infidèle la fin prématurée ;
Pour l’homme coupable de ce crime
La colère féminine est sans bornes :
Aussi, sur les rivages du paresseux Léthé,
Bien des maris allèrent rejoindre Agamemnon.

Parfois quelque bigote archi-grimacière
À qui vous aviez prêté un si précieux objet,
Au lieu du vôtre, toute honteuse,
Vous en donnait un autre, et dans cet échange
Vous étiez réduit à perdre
Quatre à cinq, ou même sept à huit pour cent.

Heureux encore qui, dans un tel désastre,
Pouvait en sauver au moins une petite part !
Beaucoup perdirent leur capital tout entier,
Et, pour le recouvrer, tous moyens furent inutiles.
Le réclamait-on à qui on l’avait donné ?
Elle vous répondait : « Mon amour, je l’ai consommé. »

2