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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/184

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FRA PASQUALE


« La vie de brigand est une dure vie, »
Dit-il, « essayons un peu de la vie de saint homme :
» Elle est certainement plus saine et plus sûre,
» Et ne manque pas de charme de temps en temps ;
» Ainsi donc, plus de sang, plus de rapines,
» Je veux me dévouer au bien d’autrui. »

Pour mener à fin si pieuse résolution
Il abandonna ses compagnons de crime,
Et courut droit à un couvent de Franciscains
Voisin de la ville de Syracuse.
Il revêtit l’habit de Saint François
Et prononça les vœux sacrosaints.

Cependant Belzébuth frémissait de rage,
En voyant rentrée dans le bon chemin
Une âme sur laquelle il avait des vues
Pour en faire un tison de son infernal empire.
De mille diablotins, au visage de femme,
Nuit et jour il l’entoura.

Fra Pasquale (ainsi se nommait
Le très révérend Franciscain),
Sentant que le diable le tentait
Par tant de moyens et de ruses si bien ourdies,
Était toujours inquiet et craignait
De donner du nez contre quelque gros péché.

Dans Syracuse, il connaissait déjà
Toutes les femmes, mariées, veuves ou filles ;
Elles lui plaisaient également, belles ou laides,
Et il les eût bien secouées, celles-ci et celles-là.
Aussi, pour échapper à cette tentation,
Prit-il le parti de changer de maison.