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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/285

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À CHEVAL


» À l’entrée de ce corridor sont des lieux d’aisances situés
» À gauche, si je me les représente bien :
» Porte là le cadavre, et quand tu l’auras
» Tiré du sac, appuie-le contre le mur ;
» Relève-lui ses vêtements, baisse-lui ses culottes,
» Et fais qu’il soit assis, dans la pose d’un homme qui chie.

» Reviens-t’en alors lestement et avec précaution ;
» Inutile de songer à ce qui arrivera ensuite :
» Ses compagnons supposeront peut-être
» Qu’un mal subit l’a surpris là ;
» Ou, en voyant ce fameux gaillard étranglé,
» Ils chercheront entre eux à se tirer d’embarras. »

Ce projet plut au serviteur ; sur ses épaules
Aussitôt il chargea ce corps mort,
Et, traversant en toute hâte la rue
Solitaire, il parvint à la cour, s’y introduisit,
Sans avoir été vu même par un chat,
Et mit à exécution les ordres de son maître.

Non loin de ces lieux avait sa cellule
Le père Buti, ennemi juré du mort.
Il était au lit : ses boyaux,
En gargouillant, et une douleur près du nombril,
Lui firent savoir qu’il fallait vite
Aux aliments digérés ouvrir passage.

Et comme il y avait loin pour aller aux lieux principaux
Où se trouvaient sept trous ouverts,
Lui, qui se sentait l’anus très comprimé
Et qui ne savait comment arriver
Sans laisser échapper en route quelque ordure,
Se dirigea vers les plus rapprochés.

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