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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/311

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MADAME LORENZA


Pendant ce temps, comme si sur des épines ou des coques d’œufs
Il marchait, le Chapelain avance lentement ;
Il va tâtonnant le long du mur, et enfin trouve
Le lit où l’aimable Rosina
Était plongée dans un doux repos,
Proie facile pour un luxurieux agresseur.

Il étend la main, il rencontre un bras charmant
Tel que les sculpteurs Grecs n’ont rien fait d’égal ;
À ce contact, la flamme se répand en lui
De la pointe des pieds aux cheveux ;
Ainsi l’étincelle, au souffle du vent,
Embrase la steppe aride en un clin d’œil.

Cinq fois et six, sa lèvre hérissée
S’approche de ce bras et y imprime de faibles baisers ;
Il soulève le drap ; dans le lit auprès d’elle
Il voudrait se fourrer, mais il sent quelque chose contenir
Sa honteuse et sensuelle ardeur :
Il ne sait si c’est le respect ou la crainte.

Tantôt il ose, tantôt il a peur ; déjà il est
Incliné, déjà il a un pied dans les draps,
Sur le lit déjà il a appuyé son bras droit,
L’autre pied touche encore terre,
Et la main gauche, d’un mouvement lent
Et doux, semble nager dans l’air insaisissable.

Il reste ainsi en équilibre et, inquiet,
Écoute attentivement si elle se réveille ;
Il voudrait retenir jusqu’à son souffle.

Elle ne l’entend pas, plongée qu’elle est dans un profond sommeil ;

Cette facilité et l’expérience
Remplissent l’âme du Moine d’une criminelle audace.