Aller au contenu

Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
MADAME LORENZA


— « Oui, » dit-elle, « vous avez bien raison,
» Mettons en cage ce méchant ennemi du Seigneur. »
Et ainsi la douce opération
Ils reprirent avec plus de goût et de plaisir ;
Car elle fut plus longue, et c’est un bien
Pour ceux qui la savent faire comme il faut.

Le Moine alors descend du lit, et elle
Répare son désordre ; puis, gravement,
Fixant sur lui les yeux, elle lui parle
En ces termes : — « Il est désormais connu et bien connu,
» Le héros qui hier matin
» A si bien arrangé la pauvre Rosina.

» Le crime est atroce, et vous mériteriez bien
» De le payer de votre vie ;
» Il s’est encore aggravé
» Par la scène scandaleuse qui vient de se passer,
» Car, sans témoigner aucune frayeur,
» Vous avez fait cocu votre empereur.

» Votre vie est dans mes mains ; pensez
» À être Adèle et à garder le secret,
» Je suis votre complice ; mais rappelez-vous
» Le cas étrange d’Hippolyte et de Joseph,
» Et ne m’obligez pas à imiter ici
» La femme de Putiphar ou celle de Thésée.

« Si vous êtes fidèle, discret et insensible
» Aux charmes de toute autre, qui passe pour belle et croit l’être,
» Non seulement je vous protégerai, je vous défendrai,
» Mais je trouverai moyen d’être souvent près de vous ;
» Il faudra bien que Marco Basetta suive
» Mes conseils, et paie ses cornes.

15