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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/386

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DONNA CHIARA


Par crainte d’être découvertes,
Renonçant à leurs joyeux ébats nocturnes,
Dans leurs cellules veuves et désertes,
Elles passèrent les nuits ; mais il y en eut deux
Qui méprisèrent et vilipendèrent
L’ordonnance et celui qui l’avait rendue.
L’une d’elles fut la fine Donna Chiara,

Qui n’avait pas encore accompli son cinquième lustre,
Et qui, à l’égal de la Déesse chère à Mars,
Était pleine de grâce et de gentillesse ;
L’autre était la belle Donna Irene,
Non moins belle et fine que Donna Chiara.

Elles étaient entrées toutes jeunes au couvent,
Avaient prononcé leurs vœux le même jour.
Ayant mêmes goûts, elles avaient grandi en s’aimant
Et ne pouvaient vivre l’une sans l’autre :
Toutes deux, au mépris de l’évêque,
Continuèrent à rendre leurs amants heureux.

L’ordre rigoureux et cruel
Affligea douloureusement leur cœur ;
De propos malsonnants contre Monsignor
Elles remplirent tout le couvent,
Et prirent en haine l’abbesse
Qui, croyaient-elles, avaient provoqué ces mesures.

Elles commencèrent par fuir sa présence,
Puis se montrèrent nettement ses ennemies ;
Avec peu de respect et moins de prudence encore,
Quand elles la rencontraient, elles lui faisaient la nique ;
Elles se moquaient d’elle en plein consistoire,
Et ne lui répondaient même pas au chœur.