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Page:Nouvelles de Batacchi, (édition Liseux) 1880-1882.djvu/417

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DES ROIS


Déjà il avait la robe de chambre sur le dos,
Sous le menton son chapeau était attaché
Et, enveloppé dans un manteau rouge comme celui du Roi,
Il ressemblait à Barbagrazia tout craché.
Ses compagnons étaient plongés dans un sommeil tel
Qu’à peine si la nature en donne un pareil aux loirs.

La demi-heure passée, il vit sortir
Le Roi qui rentra dans ses appartements ;
Il sentit alors son audace diminuer
Et se mit à trembler comme feuille au vent,
Ou comme un paysan qui s’installe au lutrin
Pour chanter un office des Morts.

Le repentir tout à coup le saisit ;
Il fut fâché d’avoir revêtu ce costume,
Se figurant que tout le monde connaissait sa ruse,
Et il aurait renoncé à son dessein
Si le Dieu d’amour, de prudence ennemi,
Ne lui eût prêté secours et assistance.

Il rappela à l’esprit effrayé
Du timide et penaud courtisan
L’image, sur lui si puissante,
De cette gorge rebondie, de ce cul énorme ;
Il la lui peignit nue, dans certaine fonction
Qui aurait tenté un ange du ciel.

Une peinture si expressive et si vivante
Mit en mouvement chez lui un je ne sais quoi, tel
Qu’il ressemblait (je ne dis que la moitié de la vérité)
À un morceau de cierge pascal.
À le voir se dresser avec tant d’orgueil,
L’Amour sourit et prévit sa victoire.