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Page:Nuitter et Tréfeu - La Princesse de Trébizonde, 1870.djvu/15

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TRÉMOLINI.

Alors, si nous déjeunions ?

CABRIOLO.

C’est inutile, les contrariétés m’ôtent l’appétit.

TRÉMOLINI.

Comme ça, si nous ne faisions jamais de recette, il ne faudrait, jamais manger !

CABRIOLO.

Parfaitement, et ceci te prouve à quel point tout est bien équilibré dans la nature.

RÉGINA.

Bah ! un repas de plus ou de moins ! on n’en meurt pas !

CABRIOLO.

Aimable philosophie ! ah ! je reconnais mon sang ! qu’un père est heureux quand il peut se dire : Ma fille est bien mon enfant !

RÉGINA.

Mais enfin, pourquoi le public a-t-il filé ?

CABRIOLO.

Parbleu ! la plaie de notre époque ! l’amour des fortunes rapides !

TRÉMOLINI.

La fièvre du jour ! ils sont tous entrés au bureau de loterie dans l’espoir de gagner le château.

RÉGINA.

Un château ! voilà-t-il pas une belle affaire ! Une grande bâtisse toujours à la même place, en face des mêmes arbres, des mêmes champs. Ça ne vaut pas notre voiture avec laquelle on se loge où l’ou veut, et l’on déménage quand ça plaît !

CABRIOLO.

O ma fille !… tu comprends la vie d’artiste, toi !… l’air ! le grand air !… le mouvement perpétuel ! voilà ce que le bourgeois n’appréciera jamais !

TRÉMOLINI.

Et pas de loyer à payer !

CABRIOLO.

Ce dernier détail est à la portée de toutes les intelligences.