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Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/158

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était bien morte… très bien !… après ?… que s’est-il passé ?

— J’ai eu du deuil, monsieur le juge…

— Ce n’est pas ce que je vous demande… Que s’est-il passé ?… Répondez.

Il hésitait à répondre… Il n’avait pas de honte… Mais je pense qu’il cherchait une formule convenable qui ne blessât la pudeur de personne. Cet assassin n’était pas un pornographe. Il baissait pudiquement les yeux et à plusieurs reprises se passa les doigts sous le nez. Et il balbutia :

— Elle était en travers de moi… comme de juste… Alors… Eh bien oui, là ! je me suis contenté…

Et il ajouta comme pour atténuer l’effet de cette réponse discrète et pour en appeler à la pitié du public…

— On est veuf… on est pauvre… On a pas souvent l’occasion…

— Allez vous asseoir…

Et le petit homme, au milieu des cris de protestation de l’auditoire qui voulait la mort, ne fut condamné qu’à vingt ans de travaux forcés…

En sortant de la Cour d’assises, je fis d’amères réflexions sur moi et sur Dingo.

Quand j’avais rencontré le petit homme sur la route, traînant sa voiture, si je lui avais donné