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Page:Olivier - Cent poètes lyriques, 1898.djvu/51

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Arbres, qui lamentez la cruelle infortune
De ce pauvre garçon qui trop audacieux,
Dans le tour recourbé du grand plancher des cieux
Osa pousser le char du frère de la Lune,

Plus ne pleurez sa mort ; plus grande est ma fortune
Mais sourcez avec moi un fleuve de vos yeux :
J’ay comme luy, chestif, visité les hauts lieux
Et en bas, comme luy, je ressens la mort brune.


Voicy l’hostel sacré ou saincte Radegonde
Termina les resplis de ses ans glorieux ;
Voicy le lieu devost où sa foy sans seconde
Luy ouvrit le sentier du grand pourpris des cieux.

Stances.

Qu’on ne me chante plus les riches eaux d’Asbame
Et de l’Indois Ganga l’excellente bonté :
Celles d’Epire encor qui allument la flame
Ny celles d’Hypanis par les Scythes vanté ;

Fasche-toi si tu veux, ô celebre Eleusine,
Et toy, Istre, et toi, Rhein, et vous pleins de renom,
Hydaspe, Nil, Araxe, et toy, onde voisine
Des murs haut escarpez où Sosne perd son nom.

Cauldrets tant estimez par les trois lots du monde,
Et vous, flots de Bourbon, Pouzole et Baïe encor,
Vous cedez en vertu au crystal de cette onde
Dont la face est d’argent et tout le ventre d’or.