Aller au contenu

Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parfaitement le détail et la théorie de agriculture, qu’il avait étudiée en physicien et pratiquée autrefois en agriculteur. Il était à portée de voir, de plus près qu’un autre, les ressorts du gouvernement ; il se livra tout entier au système économique ; il composa sur ce sujet un traité intitulé La Physiocratie ou Constitution naturelle du gouvernement, et ce livre fut publié en 1708 par les soins de M. Dupont, inspecteur général du commerce ; il donna sur ce sujet un très grand nombre de mémoires intéressants qui se trouvent répandus dans les journaux d’agriculture et dans les Éphémérides du citoyen : il favorisait, de tout son pouvoir, ceux qui s’appliquaient à ce travail, et leur communiquait, sans réserve, les lumières qu’il y avait acquises. Ce goût s’est conservé chez lui jusqu’au dernier moment, et dans le mois qui précéda sa mort, il composa encore sur cet objet trois mémoires qui firent dire à un homme en place[1] que M. Quesnay avait une tête de trente ans sur un corps de quatre-vingts.

Nous ne le suivrons pas plus loin dans cette nouvelle carrière, elle est trop éloignée des occupations de l’Académie qui passerait témérairement ses bornes en traitant ici des matières qui ne sont point de son objet, qui n’ont point été soumises à son examen, et desquelles elle n’ignore pas que le gouvernement s’occupe essentiellement ; mais ce qu’il nous est permis de relever, c’est l’amour de M. Quesnay pour ses concitoyens, cet amour si pur et si détaché de tout intérêt : c’est la multitude de travaux sur cette matière qui l’avait mis en quelque sorte à la tête et rendu comme l’oracle de tous ceux qui couraient la même carrière. Il est beau d’être en quelque sorte législateur de ceux même qui travaillent à imposer des lois aux autres hommes.

Les calculs inséparables des combinaisons nécessaires à cet ouvrage lui firent souvent regretter d’avoir négligé l’étude des mathématiques, et comme il ne connaissait les difficultés que pour les vaincre, il crut pouvoir surmonter celles-ci en se livrant à cette étude ; mais il oubliait son âge ; la vigueur de ses organes ne répondait plus à l’activité de son âme, et sa tête n’était plus en état de soutenir, comme autrefois, un travail long et pénible sur des

  1. Turgot ? Il est probable que les trois mémoires étaient destinés aux „Nouvelles éphémérides économiques“ alors en préparation, mais dont le commencement n’a pas paru du vivant de Quesnay. Ces mémoires n’ont pas été publiés dans les Éphémérides et nous manquons de tout renseignement sur ce qu’ils sont devenus et sur ce qu’ils contenaient. A. O.