Aller au contenu

Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

du feu Roi[1], auprès duquel il avoir une protection puissante[2]. Combien est-il rare de faire un tel usage, et de n’en faire aucun autre de la faveur ?

Par rapport au commerce des productions, et spécialement à celui des grains, c’est Quesnay qui a observé que la liberté qui égalise les prix, en appellant au secours des Cantons en proie à la disette, les productions de ceux qui sont dans l’abondance ; eten permettant de conserver pour les années stériles, le superflu des fécondes, c’est lui, dis je, qui a observé que cette liberté bienfaisante assure un grand profit aux vendeurs des productions, aux cultivateurs, aux propriétaires des terres, sans causer aucune perte aux consommateurs, et même en diminuant le prix commun de leur subsistance. Cette vérité qui paroît d’abord paradoxale, est fondée sur ce que les consommateurs ont besoin d’une égale quantité de productions tous les ans, qu’on paye à des prix inégaux selon l’abondance ou la rareté locales ; tandis que les producteurs ont peu à vendre dans les années de cherté, et beaucoup dans celles où le prix est avili par l’excès d’une reproduction qui surpasse le débit possible ou profitable. Telle est la base d’un calcul ingénieux, profond, qui présente un des plus forts arguments en faveur de la liberté du commerce, qui est encore une des découvertes de Quesnay.

Mais continuons l’examen de sa marche, dans la science de l’économie politique, et de la nomenclature qu’il a donné, en avançant à tous les objets.

Après les cultivateurs qui exécutent les travaux productifs, et les propriétaires qui en reçoivent le produit net, on ne peut s’empêcher de reconnoître un autre ordre de travaux qui facilitent les jouissances, sans les multiplier les matieres qui en fournissent le fonds, et les richesses qui les soldent. Tels sont ceux qui sont nécessaires, pour que les productions tant naturelles que travaillées, parviennent à leur dernier terme qui est la consommation. Il faut les transporter, les façonner, les trafiquer ; c’est ce qui constitue le négoce et les manufactures ; c’est ce qui donne l’exigence aux négociants, aux artisans, aux artistes qui forment une classe remarquable parmi les hommes réunis en société.

Les hommes dans un état sont donc divisés en trois classes.

  1. Tableau économique, imprimé dans le château de Versailles, en… (Note de l'original.)
  2. Ici aussi, la marquise de Pompadour est laissée dans l'ombre. Comparer page 48, note 1. A. O.