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Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/41

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ques années, un bal à Marseille, il avait empoisonné ainsi tous les bonbons qu’il y distribuait, et bientôt toutes les femmes brûlées d’une fureur utérine, et les hommes devenus autant d’Hercules, convertirent cette fête en lupercales, et la salle du bal en un lieu public de prostitution.

Je ne puis t’assurer, l’ami, s’il n’est pas résulté de morts de cette débauche, mais certainement beaucoup d’hommes en ont été malades. Tu te doutes bien que cela n’a pas été moins pernicieux à la santé du sexe.

L’indigne auteur de cette belle gentillesse, ayant par ce secours joui de la femme qu’il convoitait, s’est enfui avec elle, et quoiqu’on ait commencé une instruction contre lui, il pourra bien dans quelque temps imaginer quelque autre galanterie de ce genre.

« Au surplus, — continua mon conducteur, si, sans avoir recours à ce stimulant, il vous tombait sous la main une femme, ou plutôt une louve trop difficile à satisfaire, voilà de quoi l’assouplir ou l’assouvir et la mettre à la raison. »

Il montra en même temps une petite boule en forme de pierre, appellée pomme d’amour.

Il m’assura que la vertu en était si efficace, qu’introduite dans le centre du plaisir, elle entrait dans la plus vive agitation et causait à la femme tant de volupté qu’elle était obligée de la retirer avant que l’effet en cessât.

Mon complaisant guide ne pût me dire si les chimistes avaient analysé cette pierre, qui passe pour une composition, et dont les Chinois, dit-on, font grand usage.