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AVANT-PROPOS V

II

Depuis l’apparition de la Philosophie de Tolstoï, le Synode russe retrancha l’auteur de Résurrection de la communion de l’Église orthodoxe¹. Cet acte ridicule n’ajoute rien ni à la gloire de Tolstoï ni à l’étroitesse d’esprit de ses persécuteurs. Il rappellera seulement aux générations futures l’époque actuelle de la Russie où le fanatisme triomphant opprime la libre pensée. Cependant, l’excommunication a été utile à Tolstoï et surtout salutaire au tolstoïsme.

Toute grande vie d’apôtre a son heure suprême, sa crise tragique où un redoutable sacrifice s’accomplit. C’est Moïse au mont Sinaï ; c’est Jésus au Jardin des Oliviers ; c’est Luther dans sa cellule. Tolstoï a eu son moment de révolte intérieure², il a connu, à Iasnaïa-Poliana, les étreintes du doute et les ineffables angoisses qui accompagnent toute conversion morale. Ce qui lui manquait, c’est cette auréole qu’apporte la coupe de poison à Socrate, l’échafaud à Thomas

1. Le décret de l’excommunication de Tolstoï date du 24 février 1901 et l’interdiction de La Philosophie de Tolstoï du 21 janvier de la même année.

2. Voy. La Philosophie de Tolstoï, chap. La Crise morale et la conversion.