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doivent être considérés comme une réaction chimique organisée qui se continue et tend à se développer sans cesse, suivant sa loi inéluctable, malgré les obstacles de tout ordre et l’intervention de facteurs intellectuels toujours nouveaux. Si l’on veut édifier une sociologie positive on doit considérer avant tout l’énergie mise en jeu dans l’oxydation vitale ; la physio-énergie et la psycho-énergie doivent être évaluées par rapport aux diverses variables dont elles dépendent. Ces déterminations doivent être complétées par la mesure de la socio-énergie, laquelle représente les portions de ces énergies socialement utilisables et comprend en outre l’idéo-énergie : ces trois termes sommatoires énergétiques devant être intégrés aux différents moments de leur évolution dans l’espace et dans le temps[1]. »

233.5. LES FORMULES DE L’ÉVOLUTION SOCIALE. — Les philosophes, les historiens, les économistes et les sociologues ont apporté des formules diverses de l’évolution sociale. Pour Vico il y a trois périodes dans le développement de la civilisation : âge divin ou théocratique, âge héroïque, âge humain ou civilisé. Les sociétés passent par trois gouvernements et, grâce à la Providence, à chacune de leurs révolutions elles trouvent dans la corruption même de l’état précédent les éléments de la forme nouvelle qui peut les sauver. Pour Hegel, l’histoire est le développement de l’esprit universel de tous les temps. Les luttes entre les peuples sont autant d’acheminement à la réalisation de l’idée. Pour Comte, les sociétés passent par les trois états théologique, métaphysique et positif. Pour Karl Marx, chaque période sociale renferme en soi le germe de sa propre dissolution. La structure des forces productives forme la base sur laquelle s’élève en tout temps le système des institutions morales, juridiques et politiques et jusqu’aux conceptions mentales en vigueur. L’histoire humaine n’est que le résultat de la lutte des classes. Pour Baldwin tous les phénomènes sociaux sont susceptibles de passer par trois phases : phase biologique, celle des institutions ; phase psychologique (plastitique, action de la suggestion, de l’imitation, de l’émotion spontanée) ; phase sociale, réfléchie, volontaire. Il faut étudier tous les problèmes sociaux dans ces trois états successifs, car c’est vainement que l’on n’envisagerait que l’un d’eux (étude génétique, longitudinale).

  1. E. Solvay, Notes sur des formules d’introduction à l’Énergétique Physio et Psycho-sociologique (1986). Discours-programme prononcé à la fondation de l’Institut populaire des sciences sociales-Bruxelles. E. Solvay a développé, dans des notes successives sur les applications de l’énergétique, les principes scientifiques du productivisme, le chômage-capacitariat, la libre socialisation, l’impôt unique successoral et réitéré, et en ordre subsidiaire le comptabilisme, points d’un programme de perfectionnement social tendant à approcher de la production intégrale et de l’égalité sociale du point de départ et réalisant la forme supérieure et définitive du progrès social (Voir publications de l’Institut de sociologie Solvay). — Voir aussi William Ostwald, L’Énergétique et Discours à l’ouverture du 1er Congrès mondial des Associations internationales (1910). Actes, tome II, p. 887.