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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/178

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Confédération, se constitue progressivement une vaste organisation destinée à embrasser tous les États, toutes les nationalités. Le besoin d’unité est une loi souveraine de tout être vivant, puisque rien sans elle, ni dans la nature, ni dans l’humanité ne vit et ne grandit. C’est le besoin d’unité dans la société qui a créé notamment l’internationalisme. On peut le définir : un système de structure sociale qui tend à organiser les relations entre les hommes quel que soit leur objet, sur une base universelle, ou en corrélation possible avec une base universelle, un système qui tend à unir l’ensemble des structures internationales particulières en une vaste structure confédérative générale. Il unit trois idées : « toute la terre », « toute l’humanité », « tous les domaines de la connaissance et de l’activité »>.

Pendant des siècles il n’y a eu que deux sortes de relations internationales : celles nées de la guerre et du commerce. À la chute de l’empire romain est née la première grande institution internationale, l’Église ; aujourd’hui deux autres grandes puissances du monde moderne sont devenues internationales : la science et l’industrie. Les Césars avaient ambitionné de créer l’empire du monde ; les philosophes avaient rêvé un État cosmopolite ; le catholicisme avait voulu fonder une religion universelle et les idéologies de tous temps et de tous pays avaient espéré une morale du monde ; des poètes enfin avaient songé à une littérature du monde entier (Herder et Goethe) ; voici que la logique de l’histoire, la force des relations internationales est en train de former un droit du monde[1].

Le mouvement pour l’organisation de la vie internationale ne se confond donc ni avec l’effort pour créer un droit international, ni avec le mouvement pacifiste, ni avec la politique internationale, ni avec une simple étude de sociologie internationale. Il n’est pas non plus un mouvement international poursuivant des fins propres et exclusives et prenant simplement place à la suite des autres. Participant de tous ces mouvements particuliers, il les groupe tous dans un mouvement général. Il vise à multiplier les intérêts, à créer la vie sous une forme internationale. Il ne cherche pas à réaliser directement la paix, mais il a besoin d’elle et sait que le meilleur moyen de la réaliser c’est d’accroître l’interdépendance de toutes les forces nationales.

Faisant le compte des nécessités de la politique entre États, instruit de ses fondements scientifiques, il ne la conçoit pas uniquement comme le jeu de l’action et de la réaction des puissances les unes sur les

  1. Ludwig Stein, Sur l’internationalisme. — Outre les publications de l’« Union des Associations internationales », notamment la Revue et l’« Annuaire de la Vie internationale », voir Gumplowitz, Nationalismus und Internationalismus im 19. Jahrhundert (1902). — La Grasserie, l’Internationalisme. — Jean Jaurès, Patriotisme et Internationalisme (1895). — A. Hamon, Patria e internationalismo estudio filosofico, Rio de Janeiro (1906).