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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/250

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et l’Italie, de façon que si l’Alsace-Lorraine ne redevient pas française ce transit n’emprunterait plus le territoire suisse. Le trafic international serait ainsi dérivé vers d’autres chemins de fer, faisant subir des pertes incalculables aux chemins de fer helvétiques et aux immenses capitaux investis dans leurs grands tunnels. Ce serait un moyen imaginé pour amener à composition les Suisses (les Romands, disent les Bernois) qui auraient fait preuve d’ingratitude après avoir accepté les capitaux français pour la construction du Lœtschberg. La Confédération a passé avec les Allemands la fameuse convention du Gothard leur accordant lors du rachat de la ligne un droit préférentiel sur tous les chemins de fer fédéraux.
xxxxh) Les chemins de fer sont en train d’enserrer le globe de leurs lacets de fer. Leur extension se poursuit par une force interne qui ne connaît pas d’obstacles. Déjà ils courent de Paris à Pékin, de New-York à San-Francisco. Ils vont courir de Londres à Bombay (tunnels de la Manche et du Bosphore), du Cap au Caire, de Saïgon à Vladivostock, de Tanger à Dakar et à Zanzibar, de Québec à Buenos-Ayres. Au premier stade on a vu se constituer les réseaux nationaux, coordonnant en un seul système et complétant les lignes qui avaient été construites au début isolément, sans plan d’ensemble, au hasard des circonstances, et dans l’ordre de la plus grande utilité. Ces réseaux nationaux ensuite ont été soudés. Par utilisation des lignes existantes ou par lignes nouvelles on a vu s’établir de grands trains continentaux. Aujourd’hui les ingénieurs et les trailwaymen, en combinant les lignes existantes avec des lignes nouvelles préparent le « Transmondial ».

256.3. NAVIGATION. — 1. La marine marchande du globe se compose d’environ 30,000 navires d’un total de 48 millions de tonnes. Plus de 22,000 de ces navires sont à vapeur. Les grands ports d’Europe avaient, en 1911, le mouvement suivant (milliers de tonnes nettes) : Londres 19,662 ; Liverpool 14,612 ; Anvers 13,349 ; Hambourg 13,176 ; Rotterdam 11,052 ; Marseille 9807 ; Brême 4516 ; le Havre 3350. Le mouvement de la navigation est essentiellement international et plus des trois quarts du commerce extérieur se fait par mer.

2. La loi de la concentration exerce son action sur les ports et crée aussi des monopoles de fait qui deviennent, des monopoles internationaux. En effet, avec l’accroissement du tirant d’eau des navires, seuls les points d’eau profonde peuvent répondre aux desiderata actuels de la navigation. La technique de la construction des navires a démontré que l’on a intérêt à augmenter le plus possible le tonnage des navires, bien que la recherche de la vitesse soit surtout coûteuse. D’autre part, la dépense qu’impose l’outillage des grands ports devient énorme. De 1880 à 1900 Hambourg a dépensé 350 millions de francs ; de 1830 à 1905 Anvers en a dépensé 260 ; de 1872 à 1904, le Havre