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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/261

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258. Les Transformations Économiques.


258.1. L’ÉCONOMIE PENDANT ET APRÈS LA GUERRE. — 1. La guerre actuelle est liée à l’économique, non seulement par ses causes et par ses conséquences, mais encore par le fait que les moyens de la guerre ont été économiques. Il s’agit pour les belligérants de résister « économiquement » le plus longtemps. Si les événements ont dérouté tous les stratèges qui prédisaient une prochaine guerre de très courte durée, et décidée après le choc des armées ; les événements ont dérouté aussi les économistes, qui prédisaient que la résistance des belligérants aux effets économiques de la guerre ne pourrait pas dépasser quelques semaines. Lorsqu’on relit ces opinions exprimées avant la guerre on reste confondu. Les statistiques n’ont pas toutes été exactes ; on a perdu de vue les réserves cachées de toute nature qui existent dans les vieilles sociétés, l’adaptation rapide de l’activité économique aux situations nouvelles, enfin les possibilités extraordinaires de réduire les besoins et la consommation. Succi a fait des jeûner de quarante jours : nos sociétés pendant la guerre ont été des « Succi collectifs ».

2. Les faits économiques généraux réalisés au commencement de 1916 étaient les suivants : a) Augmentation du coût de la vie par la hausse des prix de toutes les marchandises. b) Émissions énormes d’emprunts d’État. c) Hausse du loyer des capitaux résultant du lancement répété de ces emprunts, et, comme corollaire, accentuation de la baisse de tous les fonds publics. d) Drainage de l’or, dans les grandes banques, vers les pays neutres, principalement vers les États-Unis. e) Inflation de la monnaie de papier, des bons du Trésor, des valeurs à court terme, provoquant les mouvements déréglés des changes internationaux. f) Accroissement ininterrompu de la moyenne quotidienne des dépenses de guerre chez les belligérants.

3. Ce sont les principes socialistes, en matière d’économie, qui ont été appliqués un cours de la guerre avec une facilité et une résignation qui révèlent tout le chemin parcouru par les idées. L’intérêt particulier fait place à l’intérêt général ; l’action en grand et concentrée à la dispersion des efforts ; les vues d’ensemble aux vues individuelles. Toute l’économie de la guerre a abouti ainsi à créer une sorte de vaste système communiste embrassant tous les individus d’un même pays. a) Les frais de la guerre sont supportés par la collectivité. b) Les dommages particuliers de la guerre sont indemnisés par la collectivité (réquisitions, destructions). c) Les bénéfices anormaux des uns, pendant la guerre, tandis que s’appauvrissent les autres, doivent faire retour à la collectivité (impôts sur les bénéfices de guerre en Hollande, en Allemagne). Nul ne peut faire bénéfice en exigeant son droit sur l’heure : il y a moratorium (effets de commerce, prêts et dépôts, opéra-