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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/307

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teintures d’aniline, par exemple, que tes Allemands ont ravie aux Anglais,

263.6. SCIENCE ET NATIONALITÉS. — Les rapports de la science avec les nationalités soulèvent trois questions : apport proportionnel des différents peuples à l’œuvre commune des sciences, — caractéristiques propres à cet apport. — mélange des passions nationales aux plus pures spéculations.

1. Il y a, il y a eu des peuples plus « scientifiques » que d’autres. L’apport à l’ensemble n’est donc pas égal, mais actuellement il n’est pas de peuples civilisés dont la contribution ne soit fort appréciable. On ne peut la déterminer en chiffres absolus, mais on a tenté des déterminations indirectes en dressant par nationalités l’inventaire des grandes découvertes, en comparant la statistique de la production des ouvrages et des travaux scientifiques, en relevant le nombre de savants de chaque nationalité qui ont été élus correspondants de grandes académies ou qui en ont obtenu des récompenses[1].

Ces divers éléments d’appréciation sont concordants sur cette conclusion que l’apport n’est pas proportionnel à la grandeur numérique des nations, territoires et populations. L’apport des petits pays, la Hollande, la Suisse, les pays Scandinaves est relativement plus grand. Ainsi, en se basant sur les nominations des membres correspondants des grandes académies, A. de Candolle a donné, en 1875, un tableau de la valeur scientifique d’un million d’habitants de chaque pays à trois époques, exprimé en millième de chaque liste de ces membres :

xxxxxxxxxx    1750  1829  1869
Suisse 0,137xx 0,036xx 0,035xx
Angleterrexxxxxxxx 0,015 0,011 0,012
Italie 0,012 0,005 0,002
Allemagne 0,005 0,010 0,007

D’une manière générale on peut dire que jusqu’au milieu du siècle dernier la culture des sciences n’avait réussi uniquement qu’en Europe et dans le nord de l’Amérique. Les régions tropicales, effet du climat ou nature des races, paraissent impropre à la culture énergique des sciences. En Europe et aux États-Unis mêmes, l’immense masse de la population reçoit les avantages des découvertes scientifiques sans contribuer à les créer.

Le tableau comparatif du nombre de Prix Nobel attribués aux savants par pays donne : Allemagne 17, France 15, Grande-Bretagne 7, Pays-Bas 6, Suède 5, Suisse 5, Italie 4, Belgique, États-Unis et Russie, chacun 3.

  1. Voir A. de Candolle, Histoire des sciences et des savants depuis deux siècles, Genève, 1873. Voir aussi les calculs basés suc l’attribution du prix Nobel pour les sciences.