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Page:Otlet - Problèmes internationaux et la guerre.djvu/339

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tée. Pour la faire triompher on dirait que tous les bons se recherchent et veulent une sorte d’union morale, un accord pour répudier certaines doctrines abominables, pour résister contre les brutalités, contre le cynisme, le sceptisme, la dépravation, l’appétit brutal, et aussi contre le Molochisme de l’État, impuissant à assurer la sécurité mais suffisamment fort pour imposer à des millions le sacrifice de la boucherie !

275. Codification de la Morale universelle.

Les règles principales de la morale sont peu nombreuses. Le Décalogue en ses dix commandements les comprend presque toutes : respect de la personne physique et morale d’autrui, respect de ses biens.

La morale pour les peuples civilisés, pour tous ceux qui se sont formés à l’école du christianisme a avant tout pour objet de réaliser plus d’humanité, de libérer les hommes des servitudes qui les dominent, de les rendre plus aimants et plus fraternels sous l’empire de ces règles. Les actes les plus importants de la vie, sous toutes les latitudes, empruntent les formes extérieures d’une même civilisation. Mais dans notre société extrêmement variée et complexe, pleine de nouvelles formes d’activité, elles se sont incomplètement développées. Une triple tâche s’impose à l’heure présente : affirmer et exprimer à nouveau ces principes directeurs, en utilisant les données scientifiques récentes, mettre en lumière les fondements de ces principes, c’est-à-dire leur justification conforme au système général des idées régnantes (science, histoire, philosophie), préciser les applications en préceptes clairs et prévoyant les principaux cas de la vie courante. Les efforts devraient donc tendre à l’avenir à l’institution d’un Code de Morale universelle. La morale doit sortir du vague. Le droit ne peut imposer qu’un certain nombre de règles. La morale embrasse un autre champ. Les vérités sur lesquelles tous doivent être d’accord, les faits fondamentaux, qu’il faut admettre alors que leurs explications seraient susceptibles d’interprétations philosophiques ou religieuses divergentes, devraient être à la base de ce code. Son préambule devrait rappeler les grandes lois (naturelles, biologiques, hygiéniques, sociologiques, psychologiques, économiques, techniques), auxquelles est soumise la conduite humaine, c’est-à-dire celles qui apportent une sanction nécessaire, ou plus exactement des conséquences fatales à certains actes. Ce code tendrait à unifier la conduite et le principe d’appréciation de la conduite humaine.

On peut constater que la morale se développe d’une façon précise dans ce qu’on a nommé la déontologie professionnelle. Chaque profession en s’organisant est appelée à formuler des règles éthiques qui deviennent la base du droit, des pratiques et des coutumes. Ces règles déterminent l’idéal de l’honneur professionnel (par exemple