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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/105

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

f) Il y a des manières diverses de traiter un même sujet : a) des parties ou l’ensemble ; b) sommairement ou en détail ; c) sous un angle étroit ou un angle large ; d) toutes choses présentées au même rang ou en mettant en évidence le fait le plus saillant ; e) selon un ordre strict de classement (matière, temps, lieu, etc.) ou un ordre dispersé ; f) les données présentées simplement et sèchement en elles-mêmes, ou se détachant sur un arrière-fond d’interprétation, de comparaison, d’idées générales destinées à les faire ressortir et à montrer leurs connexions.

g) Autres recommandations : 1. Examiner tous les problèmes que pose ou peut poser le sujet considéré. 2. Développement sur les à-côtés de ces problèmes. L’étayer d’une documentation abondante, choisie, classée, expliquée. 3. Présentation méthodique des divers cas d’espèce. 4. Pour chaque question faire un résumé historique, puis indiquer les opinions des auteurs, conclure par son opinion propre.

10. L’exposé dans les diverses sciences. — Chaque science a non seulement sa terminologie propre, mais des méthodes rigoureuses d’exposition et dialectique. Il s’agit de ne pas faire disparaître l’énoncé des faits et de propagation essentielle, dans les parties de considérations enchevêtrées sans ordre.

a) Philosophie. Il est des œuvres d’un caractère géométrique dont les parties sont tellement liées entr’elles qu’elles se refusent à toute analyse, qu’elles tomberaient en poussière aussitôt qu’on veut les disséquer, membre à membre, articulation à articulation. Ainsi la Logique de Hégel (1812-1816).

b) Droit. La forme d’exposé donnée aux pièces judiciaires, les « attendus » et les « considérant » sont de solides armatures, des formules qui guident la pensée, la protègent et la défendent.[1] Les lois prescrivent un ensemble de « formalités » auquel les dites données se conforment pour avoir une solidité.

c) Mathématique. Bien souvent des considérations de méthodes et de principes sont associées à des applications et des calculs, d’où difficultés pour les commençants d’en saisir la filiation naturelle. Il est utile de les réunir en un corps de doctrine séparé, où l’enchaînement devient plus sensible. (Ex. ce qu’a fait Freycinet pour le calcul différentiel.)

d) Sciences naturelles. Les sciences naturelles sont arrivées à des types d’exposé qui correspondent bien à tous les degrés de développement d’une idée et de son énoncé. On peut à propos des animaux, par exemple, trouver soit une description complète, soit quelques mots de diagnose à son sujet, soit la simple indication de sa place au milieu des genres voisins. On a créé des types morphologiques et en remontant à ceux-ci, on peut trouver la description précise et détaillée de sa conformation intérieure, sauf des différences secondaires qui n’altèrent point sa constitution essentielle et qui indiquent les diagnoses par lesquelles ont le fait dériver du type.

e) Botanique. Elle répartit ses matières en quelques types d’ouvrages. Les flores (simple catalogue ou ouvrages méthodiques où sont décrits les végétaux indigènes). Les ouvrages généraux, où sont réunis en un corps d’ouvrage toutes les plantes disposées méthodiquement et décrites d’une manière claire et concise (synopsis, prodromus, nomenclature). Les monographies où les auteurs ne font connaître qu’une seule famille.

f) Technique. La technique ou science de l’action toujours directe et toujours pressée, s’expose de plus en plus en des formes directes instructives, dépouillées de l’inutile.

Description d’une donnée à l’aide d’une figure (Ex. : A. Guillery : Manomètre d’enregistrement avec contrôle permanent de ses inductions. Académie des Sciences, 2 juillet 1928). Résultats exposés à l’aide de tableaux (Ex. E. Rothée et A. Hee : Sur les propriétés magnétiques des zones stratigraphiques de la vallée du Rhin. Académie des Sciences, 2 juillet 1928.)

Tableaux des Associations de normalisation de divers pays, notamment ceux de la Deutsche Normenausschuss. Description de brevet d’invention avec l’obligation par l’inventeur de rédiger sa revendication en forme imposée.

g) Architecture. On trouve ici les types d’ouvrages suivants : les œuvres architecturales ; les monographies des monuments les plus beaux : on voit souvent dans cette analyse l’enrichissement de données nouvelles de portée générale (ex. : Penrose). Tous les édifices d’une ville d’art. Tout ce qui touche une famille d’édifices (églises, palais, maisons, etc.) Les éléments et la théorie de l’architecture (ex. les murs, les voûtes, les escaliers).

h) Histoire. On distingue ici trois grandes catégories de formes : 1° les sources (documents proprement dits) ; 2° les travaux critiques sur les sources et qui sont simplement préparatoires ; 3° les travaux de construction qui varient entr’eux d’après le but de l’œuvre, et par suite la nature des faits, façon de diviser le sujet, c’est-à-dire d’ordonner les faits, la façon de les présenter, la façon de les exprimer, le style.[2]

  1. Voir « Une Croisade », Journal des Tribunaux (Bruxelles. 2 février 1902).
  2. L’Histoire de France de E. Dermot (cours moyen, 1re année, éducation civique, histoire de la civilisation, 144 p.) Voici un type de livre moderne pour l’étude de l’histoire. Les 2000 ans d’histoire sont divisés en 69 leçons, conduisant des Gaulois à l’année 1911. Chaque leçon ne comporte qu’une page. Elle a son titre général. Elle est divisée en trois, quatre ou cinq points rubriqués et numérotés. Les mots typiques, ceux qu’il faut retenir sont imprimés en italiques. Un résumé encadré et en italiques ; un questionnaire achève la page ; en regard un croquis, dans le texte, s’il y a lieu, une carte, des por-