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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/119

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

rouleaux du commerce et les rouleaux s’égaraient rendant le livre incomplet. On serrait alors les rouleaux dans un même écrin, moyen insuffisant. Que de livres furent ainsi perdus, rendus incomplets ! C’est assez tard qu’on prit l’habitude de terminer la ligne avec le sens.

3. Unités du sectionnement. — À la manière de la simple arithmétique, en toute matière il doit être déterminé ce qui doit être tenu pour l’unité normale (un), avec ses multiples d’un côté (deux, trois, dix, cent), ses sous-multiples de l’autre (un dixième, un centième, etc.) Cette détermination est conventionnelle. Par elle se réalise l’analyse et la synthèse, la décomposition et la combinaison. Il serait inexact de faire de l’idée la pensée scientifique correspondant à l’unité de la réalité objective. Car s’il y a des unités déterminées en certaines parties de la science, elles manquent en d’autres et certaines sciences n’en ont pas du tout. L’analyse scientifique redeviendra une idée dite simple et une plus simple, jusqu’à la plus ultime qui est l’être sans détermination. Dès lors la proposition implicite ou explicite dans la phrase n’est que l’unité de langage, l’unité du discours verbal ou écrit (documentaire).

Une unité extérieure et qui ne cadre pas exactement avec l’unité de pensée. Celle-ci détermine l’auteur en chaque cas particulier correspondant à une phrase principale avec éventuellement une ou plusieurs phrases déterminatives et précisantes, attendu que grammaticalement est possible la phrase courte ou le complexe de la phrase, allant jusqu’à la période. Dans la pratique ce sera ou à peu près l’alinéa, ou ce que les anciens appelaient les versets.

4. Espèces de divisions. — a) Le tome correspond à une très grande division de l’ouvrage. Le terme volume indique une division matérielle dépendant uniquement de la reliure. Ordinairement la division par volume concorde avec la division par tome. Il n’est pas rare cependant de rencontrer des tomes reliés en un volume ; il est très rare au contraire que plusieurs volumes séparés soient nécessaires pour contenir un seul tome.

Les études d’une science sont trop vastes pour être enfermées en deux ou trois volumes.

b) Le chapitre définit chacune des parties dans lesquelles se divise une œuvre ou un écrit aux fins du meilleur ordre et de la plus facile intelligence de la matière dont il est traité.

Un chapitre correspond à une question en science.

c) Le paragraphe se définit chacune des divisions d’un écrit ou d’un imprimé qui se font en passant d’un point à un autre.

Dans les grammaires on donne comme titre aux paragraphes les phrases qui servent d’exemple. Ainsi le contenu se précise et à la seule lecture de l’exemple la règle est rappelée.

d) Verset. — Le livre ancien est formé de versets. Courtes phrases, deux ou trois phrases au plus. L’enchaînement des versets laissait idéologiquement à désirer. Rien de notre art moderne d’exposer.

Dans certaines sciences la division des matières porte des noms spéciaux. Ainsi en géométrie, les divisions sont appelées théorèmes, problèmes, corollaires, scolies.

5. Desiderata du sectionnement. — a) Il est désirable que, dans l’intérêt des diverses parties et chapitres, les matières soient autant que possible traitées d’après un plan symétrique.[1]

b) Le sectionnement doit être rigoureusement conforme à la division de la matière elle-même.

Les auteurs parfois donnent à plusieurs chapitres qui se suivent le même intitulé et en font des suites ou des fins. C’est un procédé inadmissible. La disposition systématique de la matière doit être indépendante de la longueur des textes et il y a quelque chose de choquant à voir couper un développement pour des raisons aussi extrinsèques.

6. Titre courant. — Le titre courant doit remplir dans le livre un office utile. Il faut le considérer comme le sommaire ou le résumé de la page au dessus de laquelle il est placé.

C’est une erreur de donner à toutes les pages d’un livre le même titre courant, celui du livre lui-même. Ce titre est bien connu du lecteur et mieux vaut consacrer la place à mentionner sur les pages paires (gauches) les grandes divisions de l’ouvrage et sur les pages impaires (droites) les divisions les plus spéciales ; de toute manière des mots expressifs, empruntés à l’ordre systématique. En vue du découpage des livres scientifiques et techniques, il pourrait être utile cependant que chaque page porte en bas le titre avec le nom de l’auteur et l’année.

7. Division en cartons. — Les parties d’un livre peuvent être mise en évidence par des feuilles de papier fort ou de carton blanc ou de couleur portant sur les côtés les notations du sectionnement. Ex. : Manuel de l’Institut International de Bibliographie (publication n" 67). Certains comptes rendus annuels de la Caisse d’Épargne de Belgique.

8. Mention de la fin des ouvrages. — Il y a lieu d’indiquer clairement qu’un article, partie d’ouvrage ou volume est fini. Si la publication de certaines parties ou volumes est indéfiniment ajournée, le fait doit être mentionné clairement sur les numéros subséquents. Le mot « Finis » ou « Fin » est consacré. On l’accompagne parfois d’une vignette.

  1. Exemple : dans les 19 volumes de sa Géographie Universelle, Élisée Reclus a maintenu l’ordre le plus régulier dans la description de tous les pays : généralités, orographie, hydrographie, climatologie, fore, faune, etc. Voir à ce sujet la Théorie des subdivisions communes de la Classification décimale.