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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/133

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

Peu de livres ont eu un succès aussi durable. Depuis son apparition jusqu’à nos jours, il n’a cessé d’être utilisé. Depuis rien d’essentiel n’a été changé. Les Anglais appellent encore leurs livres de géométrie élémentaire « Euclid ».

b) Les vrais manuels de l’antiquité sont les compilations du Ve et du VIe siècle, celles de Martianus Capella, d’Isidore de Séville, de Bolie, etc.

c) Les Upanishad sont des traités de philosophie religieuse dont le nombre dépasse 200 et qui sont très différents entre eux. Ce sont comme des appendices aux « Brahmana » ou ouvrages d’exégèse théologique.

d) L’établissement par Justinien au VIe siècle, des Institutes de droit romain, véritable traité de droit à l’usage de l’enseignement a apporté un type remarquable de traité.

e) Avant la Quintinie, qui fut « directeur général des jardins fruitiers et potagers de toutes les demeures royales », il n’y avait pas de traités d’horticulture en France. C’est en observant les jardiniers, en les interrogeant, que la Quintinie apprit les secrets que s’étaient transmises les unes aux autres les générations de jardiniers.

L’idée de consigner l’expérience de la vie pratique des métiers est tard venue. L’encyclopédie au XVIIIe siècle ayant procédé à la description de beaucoup d’arts généralisés, après elle on a publié des traités ou manuels sur ces matières spéciales.

f) Les Physiocrates n’ont pas fait de traité méthodique. La science n’a d’eux en ce genre que le petit Abrégé des principes de l’Économie politique, disposé en tableaux et formules, à la manière des arbres généalogiques, écrit en 1772 par le margrave de Bade ou peut-être par Dupont de Nemours.

g) Dans la période qui s’ouvre au XVIIIe siècle, les professeurs d’université créaient en Allemagne, surtout à Göttingen, pour les besoins de l’enseignement, la forme nouvelle ou Manuel d’histoire, recueil méthodique des faits soigneusement justifiés, sans prétentions littéraires ni autres.

Le traité ou manuel a pris un grand développement en Allemagne nu cours du XIXe siècle. Histoire des religions, histoire des institutions, histoire littéraire ancienne et moderne, histoire de l’art, droit, sciences naturelles, il ne fut pour ainsi dire pas de hautes études qui n’eut le sien. La France longtemps en retard sous ce rapport regagna le terrain perdu et produisit d’admirables traités.

C’est de l’Allemagne que pendant longtemps les autres pays ont été tributaires pour les ouvrages destinés à l’enseignement supérieur.

h) Le traité de chimie organique fut réalisé pour la première fois par l’infatigable Beilstein. Actuellement, on ne trouverait plus de chercheurs ou d’hommes de science de la même envergure qui pourrait continuer sous le même esprit et en inspirant autant de confiance, ce travail qui s’est accru à l’infini. Il a donc été nécessaire de confier la construction des traités à toute une équipe de collaborateurs.

i) En ces dernières années, un grand mouvement renouvelle les traités dans toutes les branches de la science et détermine la création de types nouveaux.

241.213 ESPÈCES ET TYPES DE TRAITÉS.

Les traités réalisent des variétés nombreuses et tendent même à se fixer en quelques types fondamentaux. Il n’y a pas pour une science qu’un seul type de traité ; il en est plusieurs, certains auteurs se plaçant à des points de vue différents, et ces traités vont en se complétant, en s’appuyant même les uns sur les autres. Les données suivantes le montrent.

a) On peut distinguer :

le traité complet en plusieurs volumes ;

un appoint de nouveauté (œuvre de création, opinion, discussion) ;

un compendium de vulgarisation ayant surtout pour objet de réunir en un seul, ordonné, facile à lire et commode à consulter, les nombreuses publications spéciales, importantes ou modestes et concernant chacune des points de la science.

b) Les traités présentent l’exposé tantôt à un point de vue théorique, tantôt à un point de vue pratique, tantôt ils combinent les deux points de vue.

Un traité souvent comprend deux ordres de données : 1° une mise au point de la science traitée qui tient compte de tous les aspects ou problèmes, y compris les recherches les plus récentes ; 2° un exposé des idées personnelles de l’auteur.

Il y a bien de grandes choses qui n’ont que de petites places dans les traités classiques, et qui dès lors méritent d’être abordées dans des ouvrages spéciaux.

Inversement, des ouvrages portent le titre d’encyclopédie tout en étant systématique (ex. : Encyclopédie des sciences mathématiques). Des ouvrages portent le titre de traité tout en étant alphabétique (ex. : Traité alphabétique des droits d’enregistrement, de timbre et d’hypothèque, par E Maguéro).

c) Il existe des manuels alphabétiques (ex. : Le manuel alphabétique de philosophie pratique, par John Carr). Ostwald a écrit un traité de chimie en forme de dialogue.

Certains éditeurs se sont préoccupés de fournir des cours complets. Ainsi la librairie Savoy a donné un Cours complet d’Histoire naturelle : Botanique (Ph. van Tieghem, 1600 p.). Géologie (A. de Lapparent, 1280 p.). Zoologie (Claus, traduit par Moquin Tandon, 1566 p.).

Beaucoup de traités sont rédigés conformément au programme des cours de tel ou tel établissement d’enseignement (ex. : Traité des machines à vapeur, de Alheilig et Roche, rédigé conformément au programme des cours de machine à vapeur de l’École centrale)