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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/175

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

c’est de mieux classer les données par affinités, de leur donner un ordre de suite, directement visible, de mettre en lumière, d’éliminer les lacunes et les répétitions, de faciliter la comparaison, d’ajouter aux corrélations entre les diverses données.

La table consiste donc en une réduction des matières présentées méthodiquement de façon qu’on puisse en voir l’ensemble d’un seul coup d’œil.[1] Elles sont souvent de simples résumés et s’attachent aux points principaux.

b) Quand il s’agit de données formant des ensembles, des collections de faits, il y a avantage : 1° à en standardiser la rédaction ; 2° à disposer les données en tableaux avec colonnes affectées à chacun des éléments à enregistrer. On peut ainsi les consulter selon des entrées diverses et on obtient une uniformité qui ajoute à la facilité de consultation.

c) Dans l’imprimerie, on comprend sous la dénomination générique de « Tableaux », tous les ouvrages à colonnes, à filets et à accolades, tels que statistiques, registres, états, tarifs, prix courants, factures, etc. Le tableau est la page encadrée et divisée en compartiments séparés par des filets.

d) Dans un sens figuré un tableau est un exposé panoramique de l’état d’une chose ou d’une question. Ce nom est, avec ce sens, donné à certains documents. Ainsi on estime désirable de voir établir par intervalle un tableau des progrès des sciences en toute matière. (Bilan des Sciences.)

e) Il y a un grand nombre de catégories ou espèces distinctes de tables. Il n’est traité ci-après que des principales.

2. Tableaux synoptiques.

Les tableaux synoptiques ont pour but de permettre d’embrasser du même coup d’œil les diverses parties d’un ensemble, d’en offrir une sorte de vue d’ensemble. Ces tableaux servent soit à faire ressortir clairement une classification, soit à faciliter les comparaisons entre des objets, des temps et des pays différents.

Il existe donc deux espèces de tableaux synoptiques : 1° ceux qui ont pour but de mettre sous les yeux un enchaînement scientifique (ex. tableaux des méthodes de Jussieu en Botanique) ; 2° ceux qui ont pour but de rappeler les faits comparés.

Le tableau synoptique placé à la fin d’un ouvrage, d’un chapitre, d’une leçon. 1° fixe la connaissance ; 2° facilite la récapitulation.

Les tableaux facilitent compréhension et mémoire : ils parlent aux yeux. Ainsi par ex. dans la grammaire on a le tableau des déclinaisons, le tableau des verbes, etc. Spencer a établi d’importants tableaux synoptiques de documents de la sociologie avant d’écrire ses principes.[2]

Condorcet parlait de tableaux synoptiques par lesquels les élèves pouvaient parcourir une véritable encyclopédie.

3. Tables statistiques.

Il est tout un art, le tableau statistique. Cet art s’est développé parallèlement à la science statistique et sous l’empire des grands travaux accomplis par l’Institut International de Statistique en vue de préciser, rendre comparable et étendre les données numériques.

Un tableau statistique est un groupement de données selon un certain ordre très parlant, où les rapports respectifs des données sont indiqués par la place occupée tout autant que par la mention inscrite : tableau des principales valeurs de l’encaisse des banques, etc.

4. Tables chronologiques.

Ce genre de tables dispose les matières en ordre de date. En histoire elles sont nombreuses. Par ex. Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l’histoire de la Belgique (Bruxelles 1866-1892, 8 vol. in-4°) par A. Wauters, sous les auspices de l’Académie de Bruxelles.

5 Tables généalogiques.

Ces tables ont pour objet de montrer clairement les liens de parenté, descendance et alliance existant entre membres d’une même famille humaine. Elles ont une grande importance dans les dynasties, les familles princières, les familles nobles (voir armoiries, blasons) et, à cause des héritages, dans toutes les familles en général.

6. Tables diverses dans les sciences mathématiques, physiques et naturelles.

En science, on nomme table un cadre renfermant les résultats numériques soit de calculs effectués directement, soit d’expériences. Ce sont donc des séries de nombres ou d’observations que l’on inscrit dans un ordre méthodique pour faciliter les recherches.

1° En mathématiques les tables ont pour objet d’éviter à l’opérateur des calculs longs et pénibles en en donnant les résultats calculés dans les hypothèses aussi voisines que possible les unes des autres. Tel est l’objet des tables de multiplication, de logarithme, de sinus et de tangente, de fonction elliptique et la table de Pythagore ou table

  1. Table vient du latin Tabula, planche, ais, morceau plat de métal ou de pierre servant à écrire ou graver, d’où écrit, liste, registre et enfin peinture sur un panneau de bois, tableau.
  2. Spencer, Herbert. Descriptive Sociology or groups of Sociological facts. (En français par James Collier, Paris Alcan, 1 vol. in-folio.)

    H. Spencer a entrepris avec l’aide de 3 collaborateurs de présenter l’inventaire classé des faits sur lesquels doit reposer toute sociologie. Ces faits ont donné lieu à des tables historiques synoptiques diverses en colonnes d’après les différents faits, et en extraits textuels d’ouvrages classés d’après le sujet social traité. L’œuvre devait s’étendre aux sociétés non civilisées, aux sociétés civilisées tombées en décadence et aux sociétés civilisées encore florissantes. Un premier volume seul a pu être publié de tout le travail achevé, car Spencer dépensa 4,425 livres et ne recouvrit par la vente que 1,054 livres.