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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/221

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

Les monnaies existent en nombre immense, mais des temps anciens, il n’en demeure que relativement peu.

b) Les médailles on pour objet de commémorer des périodes et des événements historiques. Elles sont frappées par des autorités ou des associations. Les médailles antiques, dont il existe de belles collections, étaient en général les monnaies des anciens. Les villes de la Grèce, jalouses de transmettre à la postérité les chefs-d’œuvre dont elles s’enorgueillissaient, avaient l’habitude de les reproduire sur leurs monnaies. On dirait que ne disposant pas de la gravure typographique, ces villes intelligentes ont voulu y suppléer par la gravure en médailles.

c) Aujourd’hui on frappe des médailles pour conserver le souvenir d’un événement ou d’un personnage. On appelle médailles pieuses celles qui représentent quelque sujet de dévotion et dont les fidèles font usage : la médaille de l’Immaculé-Conception et celle de saint Benoit. Le plus souvent les médailles sont rondes ; il y en a d’ovales, de carrées, de polygonales ; elles sont en or, en argent, en bronze, en étain, en plomb, etc. Il y a même des monnaies antiques en verre et en terre cuite. La dimension des médailles s’appelle module. On distingue, dans les médailles, le côté droit ou de la tête et le revers ; la légende et l’exergue ou inscriptions qu’elle porte ; le champ, espace compris entre la légende et le sujet ; le type ou sujet principal ; les symboles ou sujets accessoires et emblèmes ; il faut y ajouter encore les marques du graveur. La numismatique, qui s’occupe de l’origine et de l’authenticité des médailles, de leur classification, etc., est une branche importante et curieuse de l’archéologie et de l’histoire ; elle a sa terminologie.

Ses progrès furent très grands le jour où fut écartée l’idée fausse que médailles et monnaies devaient faire la matière de deux sciences distinctes.

d) On peut former une classe spéciale de documents constitués par les plaques et images honorifiques qui se disposent sur la poitrine, autour du corps, en écharpe et en bandoulière ou présentées aux funérailles sur des coussins. Avec les écussons, les armoiries, les figures de blasons, les obits, disposés dans les églises en accessoires de dalles tombales et, dans les cimetières, les croix, tombes et mausolées, il y a là un langage conventionnel qui s’exprime à l’aide d’objets qui sont comme des documents.

e) La classification des médailles et des monnaies se fait de diverses manières d’après la matière, d’après le temps, d’après l’ordre géographique.

f) La numismatique a créé des signes de convention pour marquer le degré de rareté des pièces. Plusieurs systèmes ont été inaugurés dans ce but. Le plus ancien est celui de Beauvais qui l’a exposé dans son « Histoire abrégé des Empereurs », publiée en 1769. Ex. : C pièce connue. R R R R pièce presque unique. Le second système est celui de Mionnet (1806). Ex. : R4 quatrième degré de rareté, R* pièce unique.

g) On a constitué de grandes et nombreuses collections de monnaies et de médailles, formées ordinairement dans les bibliothèques où elles sont organisées en « Cabinets spéciaux ». Les pièces sont classées, numérotées, cataloguées, décrites.

242.63 Sceaux, Cachets.

a) Comme on l’a dit, l’usage des sceaux et des cachets remonte à une haute antiquité. Ils étaient gravés souvent sur le chaton des bagues, sur des émeraudes, etc. Il y a cette différence entre les sceaux et les cachets que ceux-ci sont employés par les particuliers et ceux-là par les souverains ou d’autres autorités publiques. Les empereurs romains se servaient d’un sceau d’or pour authentiquer les actes importants. Le pape se sert de deux sceaux : l’un pour les brefs (anneau du pêcheur sur cire rouge), l’autre pour les bulles (sceau de plomb). On les brise solennellement à sa mort. Chaque évêque a son sceau, dont il se sert pour authentiquer certains actes, reconnaître des reliques, sceller des pierres sacrées, etc.

b) Quand le sceau d’une pierre sacrée est rompu, il faut la faire consacrer de nouveau. Chaque curé ou chaque paroisse doit avoir son sceau particulier. Sous l’ancienne monarchie française, on distinguait le grand sceau, le petit sceau et le sceau secret. Sous l’Empire, le sceau représentait l’aigle impérial, etc. On donne aujourd’hui le titre de Garde des sceaux ou Chancelier au ministre de la Justice. La connaissance des sceaux (sigillographie, sphragistique) est l’une des branches de la diplomatique, de l’archéologie et de l’histoire.

c) Les sceaux et cachets font l’objet de collections, inventoriées, décrites et cataloguées, organisées soit dans les bibliothèques, soit dans les dépôts d’archives.

Les pierres gravées utilisées largement comme cachets ont donné lieu à d’importantes collections réunies sous le nom de « glyptothèques ». On y a souvent adjoint des collections d’empreintes qui permettent de voir les progrès de l’art dans tous les temps. Lippert a publié une collection de plus de 4,000 empreintes, avec un catalogue. (Glyptothèque de Lippert.)

243 Documents dits « Substituts du Livre ».

a) Coup sur coup des inventions merveilleuses sont venues étendre immensément les possibilités de la documentation. Elles ne se sont pas présentées dans le prolongement direct du développement du livre, mais en quelque sorte dans son prolongement dévié : l’objet dans le musée, le télégraphe et le téléphone, la radio, la télévision, le cinéma, les disques. Il y a là sous un certain rapport des substituts du livre, en ce sens que les procédés