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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/227

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

243.2 Disque : phonogramme.

1. Notion.

Le phonographe (gramophone) réalise l’enregistrement direct du son sur rouleaux ou sur disques. Ceux-ci constituent des documents et de véritables substituts du livre, des documents écrits.

Le disque est de grande portée pour la diffusion internationale.[1]

2. Historique.

Il y a bien longtemps que les inventeurs ont réalisé des machines parlantes. Ils cherchaient dans la voie de l’orgue. C’est Scott Martinville qui, rapporte-t-on, aurait le premier trouvé le principe de l’inscription du son, de l’enregistrement des vibrations acoustiques. Charles Cros plus tard imagina le moyen de reproduire le son, sans toutefois parvenir encore à réaliser pratiquement cette reproduction. Edison fut non pas l’inventeur, mais le réalisateur du phonographe.

3. Technique.

Les rouleaux et les disques ont été en cire, puis en ébonite. On enregistre sur métal. On a créé des disques souples.

La recherche porte sur l’édition de disques nouveaux bon marché, dont la souplesse et la légèreté rendraient l’expédition par la poste aussi facile que celle d’une lettre ordinaire. On a déjà créé les phonocartes, cartes postales en carton recouvertes d’une matière spéciale recevant l’enregistrement. (Forti et Marotte.)

Les disques de gramophone sont enregistrés directement ou impressionnés soit à la machine, soit chimico-électriquement. Ils donnent lieu à des matrices (moules métalliques ou galvaniques).

Tout instrument qui enregistre le son est par le fait même enregistreur de la musique et de la voix.

4 Caractères des disques. Édition. Conservation.

a) Les disques à l’origine étaient des rouleaux. Plus tard ont été créés les disques (plaques, cylindres). Les disques ont été progressivement standardisés quant aux dimensions. Celles-ci se déterminent d’après leur diamètre. Les disques sont en ébonite, encore toujours assez cassables. Il est aussi des disques incassables. Au centre se trouvent inscrites les indications relatives à leur identification et sur lesquelles sont basés leur classement et leur catalogue. Ils portent notamment la marque des firmes (Odéon, Voix de son Maître, Colombia) et un numéro d’ordre dans le fond de chaque firme.

b) Les disques sont placés dans des enveloppes qui les protègent, avec perforation ouverte au centre pour permettre la lecture de leur identification. Les disques ainsi protégés peuvent être placés dans des tiroirs classeurs à la manière des dossiers. Les mêmes meubles peuvent être employés dans les deux cas.

c) Les disques s’éditent à l’instar des livres et de la musique. Incessamment se produisent des œuvres qui se comptent maintenant par dizaines de millions de disques.

Les répertoires de disques constituent de gros volumes. Des opéras comme Faust ou Carmen ont été enregistrés d’un bout à l’autre avec orchestre et chant en 28 disques double face au prix moyen de 5 fr.

Les disques ont des prix très différents. Ils vont de 15 à 30 francs. Les disques pygmés valent de 5 à 8 francs.

d) La critique des disques a pris une importance rapidement grandissante. Des revues et journaux spéciaux lui consacrent une place croissante. Les critères du bon disque s’établissent. Le choix du meilleur disque en est la conséquence. Les amateurs de disques (discophiles) ont constitué entr’eux des Associations qui organisent des auditions publiques.[2]

5. Espèces de disques. Application.

a) il y a actuellement quatre sortes principales de disques : musique sans paroles, chant, diction, bruit.

b) On enregistre des discours, des tracts, des appels, des récitatifs et des déclamations.

On enregistre des cours, des conférences. On sera amené à composer un enseignement complet par disque.[3]

c) Toutes les grandes firmes ont coulé sur la cire des poésies, des fables, des pièces de théâtre. Ces disques sont de valeur bien inégale, soit par la technique de leur enregistrement, soit par le choix du morceau déclamé ou bien encore par le talent de l’artiste. (Ex. le monologue d’Harpagon dit par de Féraudy, La Cigale et la Fourmi présenté par Georges Berr.)

d) Étude des langues. — Grâce au phonographe, la question de l’enseignement des langues a réalisé un grand progrès. L’efficacité provient du parallélisme de son action sur l’esprit du spectateur-auditeur qui se trouve simultanément impressionné par le sens auditif et le sens visuel.

Les plaques transcrivent des voix autorisées choisies

  1. L’Institut de Coopération intellectuelle a présenté un rapport sur l’usage du phonographe dans ses connexions avec les problèmes musicaux d’ordre international.
  2. Pour une discothèque idéale (choix mensuel des disques les plus réussis des diverses maisons). — La Joie musicale, 5 février 1931, p. 15.
  3. La « Vocation Chantal C° » a procédé à l’enregistrement d’un cours du prof. Blanckaert (Université de Gand) au prix de 1,500 fr. pour un disque double face 25 cm. (grand format) (originaux, matrices, clichés et 3 exemplaires). La « Columbia » a réalisé un intéressant cours de l’Histoire de la musique.