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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/249

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

acteur et spectateur disparaît. Chacun est participant. Les fêtes sont des solennités religieuses ou civiles instituées en commémoration d’un fait jugé important. On trouve ces fêtes chez tous les peuples à toutes les époques de leur histoire. Chez les Grecs, les Bacchanales ou Dionysiaques, les Eulésies, les Panathenées, les Jeux Olympiques et Pythiens, les Panhellénies ; chez les Hébreux le Sabbat, la pâque, les Tabernacles. Chez les Romains les Ambarvaces, les Lupercales, les Saturnales, les féeries latines. Chez les Chrétiens, l’Annonciation, la Noël, la Passion, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, la Toussaint. En France les fêtes étaient des combats simulés, des tournois, des chasses, des festins plus tard les entremets, les mystères, le théâtre, la musique, les mascarades. Avant la révolution, il y avait 82 fêtes par an où l’on chômait, ramenées par le concordat à 4 sans compter les dimanches. Chez les Grecs, les moyens des fêtes étaient les sacrifices avec tout l’appareil pompeux des cérémonies, des processions où la jeunesse étale ses attraits, des pièces de théâtre, des danses, des chants, des combats où brillent tour à tour l’adresse et le talent, combats gymniques au stade, combats scéniques au théâtre. Chaussard (Fêtes et courtisanes de la Grèce) a subdivisé les fêtes de la nature en « Création, Rénovation, Exaction, Dégradation ».

b) Les jeux et les spectacles de toute sorte ont toujours fait partie des réjouissances publiques et même des solennités qui ont un autre caractère. Ainsi les anciens célébraient les jeux funèbres aux funérailles des héros, des rois ou des princes. Dans l’Iliade sont décrits les jeux donnés par Achille, après la mort de Patrocle. À Rome, les jeux funèbres affectèrent un luxe inouï. Tibère les interdit à ceux qui n’avaient pas au moins 400,000 sesterces. Mais ils ne furent abolis que par Théodoric (600). Les jeux les plus célèbres sont ceux que célébraient les Grecs à Olympia, à Némée, etc. en l’honneur de Jupiter ou de quelque autre dieu. On y voyait accourir la nation tout entière, avec ses athlètes les plus fameux, ses poètes les plus vantés, tous ceux qui étaient avides de gloire. On y disputait, en effet, tous les prix, ceux de la force, de l’adresse, de la poésie, de l’éloquence. On a essayé de nos jours de rétablir les Jeux Olympiques. Ils ont aujourd’hui leurs analogues mais bien inférieurs, dans les concours de toute sorte : courses de chevaux, de vélos, d’autos, etc. À Rome les jeux dégénérèrent en combats de gladiateurs et autres spectacles cruels. C’est à ce genre de spectacle dégradant qu’on peut rattacher les courses de taureaux.

c) Parmi les signes de fête et de joie publique se font remarquer les illuminations, pratiquées de tous temps et chez tous les peuples. Les Romains se servaient de torches de pin pour illuminer, pendant leurs jeux séculaires. Les Grecs avaient leurs lamptéries. leurs processions aux flambeaux aux mystères d’Éleusis. La fête des lanternes est célébrée en Chine de temps immémorial. Aujourd’hui la science a mis ses merveilleuses ressources au service de nos réjouissances civiles ou religieuses : gaz, électricité, feux d’artifice, etc. Parmi les illuminations périodiques et religieuses, citons : celle de Rome pour la Saint-Pierre ; celle de Lyon en l’honneur de l’Immaculée Conception.

d) Les fêtes et les manifestations jouent un rôle de premier plan dans le nouveau régime allemand. C’est M. Goebbels, Ministre de la Propagande, qui y préside.

243.64 Cérémonies civiles. Étiquette.

Les cérémonies civiles comprennent toutes les formes extérieures observées dans les actes solennels. Elles comprennent le cérémonial d’État et de Cour, le cérémonial diplomatique ou d’État à État, le cérémonial officiel, qui règle les rapports entre fonctionnaires, les préséances, etc. Toutes ces questions d’étiquette et d’observances civiles, dont l’ancien régime a exagéré sans doute l’importance, ne laissent pas de mériter l’attention. Les cours, et mêmes les maisons des présidents de république ont leurs maîtres de cérémonies ou des dignitaires qui en exercent les fonctions : introducteurs des ambassadeurs, etc. L’histoire a conservé le souvenir de M. de Ségur, grand-maître des cérémonies sous Napoléon Ier, comme un Dreux-Brézé l’avait été sous Louis XVI. Il existe aujourd’hui, au ministère des affaires étrangères, un Bureau du protocole, qui remplit le même rôle. On entend, en effet, par protocole diplomatique ou protocole, le cérémonial à suivre dans les rapports politiques. Il embrasse les qualifications et titres attribués aux États, aux souverains, aux ministres, etc., les formes courtoises à observer dans les documenta politiques. L’application de ce cérémonial est jugée important pour le maintien des bonnes relations et de la paix publique. Mais depuis la guerre, bien des choses ont changé à ce sujet.

L’Étiquette se dit spécialement du cérémonial de Cour, qui règle les rapports du souverain ou des princes et des hauts dignitaires avec ceux qui les approchent. Elle était très sévère chez les monarques d’Orient, où certaines infractions pouvaient être punies de mort (ainsi histoire d’Esther). Les Byzantins la cultivèrent aussi avec son formalisme. Elle fleurit à la cour de Bourgogne, au temps de Philippe le Bon. De là elle passa en Autriche puis en Espagne, où elle régna avec vigueur. Introduite en France par Anne d’Autriche, elle contribua pour sa part à la splendeur, tantôt vraie et tantôt factice, du règne de Louis XIV. Le Dictionnaire des étiquettes de Mme de Geneis est la somme de toutes les règles suivies alors à la Cour de France. L’étiquette disparut avec l’ancien régime et l’Empire ne réussit pas à la rétablir. Utile en elle-même, l’étiquette devient, par l’abus qu’on en fait, ridicule, tyrannique et intolérable.

243.65 Culte. Liturgie.

a) Le Culte est l’ensemble des formes que prend la religion, les actes qu’elle inspire à l’homme dans ses rap-