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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/279

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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

2° Le Service de Commission, ou centre d’approvisionnement pour les libraires.

3° Le Service de Groupage des remises faites par les divers éditeurs, sur l’ordre de leurs clients, et l’expédition des colis ainsi formés, conformément à des instructions fixées d’avance.

4° Le Service des Retours qui répartit entre les divers éditeurs les invendus renvoyés par les libraires.

5° Le Service des Abonnements qui permet au libraire de souscrire des abonnements à un très grand nombre de journaux et périodiques.

À cette série de Services se rattache le Bureau de Chemin de fer installé à la Maison du Livre Français pour son usage exclusif.

Il y a en outre :

Le Service Bibliographique qui répond aux questions les plus variées concernant la recherche des livres.

Les Tables Bibliographiques (mensuelles et trimestrielles) qui tiennent les libraires au courant des nouveautés dans tous les genres d’édition.

Le « Bulletin de la Maison du Livre Français » qui les met en contact avec la vie de l’édition, les progrès techniques ou commerciaux réalisés dans l’industrie du livre.

Les Cours de librairie qui, avec ceux du Cercle de la Librairie, préparent les jeunes gens à connaître et à comprendre leur profession.

e) En France, on a regretté les grands libraires du temps de Louis-Philippe, de la Restauration, de Napoléon, les Didier, les Renduell, les Lavocat, qui tenaient bureau d’esprit et savaient faire de la réclame aux grands hommes. On a proposé de scinder la librairie en deux comme totalement différents : 1° Le libraire, librairie ou ressuscitement de la vieille licence de librairie qui ne s’accordait qu’à des gens cultivés et à la page. Cette licence comporterait le droit de monopole de la vente du livre à 12 fr. et au-dessus, et du livre in-18 Jésus ou in-8o Couronne qui sont les livres de bibliothèques ; 2° Les libraires-cafés standards, libraires-parfumeurs, libraires-confiseurs, vendant le papier, romans à bon marché, récits de journaux de modes, soldes truqués de vieux bouquins à 12 fr. rebrochés à 6 fr. et autres révolutions dans la librairie.[1]

Les libraires sont amenés à régler les rapports collectifs entr’eux et les éditeurs. Le Congrès des Libraires français a réclamé la constitution d’une commission mixte entre les éditeurs et les libraires.

On voit s’accroître l’importation et l’exportation des livres, la création des librairies de nationalités diverses dans les pays étrangers (ex. : librairie française à l’étranger, librairies étrangères en France).

On a proposé la création de grands dépôts régionaux de livres qui préserveraient les libraires détaillants du fléau de l’incendie ; les livres y seraient déposés sans avoir à regagner par de coûteux transports les magasins de l’éditeur.

f) Le commerce du Livre et de la Presse a pris les formes de la Société Anonyme, des actions et des obligations, de l’inscription des valeurs à la Bourse ou au marché en banque. C’est ainsi qu’à Paris, on trouve à la cote l’Agence Havas, le Didot Bottin (Annuaire), Le Temps, Le Figaro, Le Petit Journal, Le Petit Parisien, Les Publications Périodiques (Desfossé), la Librairie Hachette, Les Publications Périodiques Marinoni et de nombreuses imprimeries et fabriques de papier.

La Librairie Hachette, par exemple, en 1932, après amortissement de près de 13 millions, a accusé un bénéfice net de 16.5 millions ; outre le dividende de 110 fr. par action, il y a report à nouveau de 11 millions 375,000.

253.23 Formes et institutions de la librairie.
253.231 MAISONS DE COMMISSION.

Maison de Commission. — Le réassortiment du libraire est chose complexe puisqu’il doit s’adresser à un nombre important de fournisseurs, les éditeurs, qui vendent des produits qui leur sont particuliers et en général non interchangeables, car ils répondent aux besoins ou aux désirs les plus divers. Il y a donc, pour ainsi dire, émiettement dans le travail auquel le libraire doit se livrer. Il y aura fatalement, si l’on n’y prend garde, émiettement dans les transports, et par suite, supplément de dépenses. Or, le libraire n’a pour rémunération que sa remise sur le prix marqué. Cette remise est une sorte de forfait que l’éditeur a conclu avec le libraire et dans lequel celui-ci doit comprendre tous ses frais et son légitime bénéfice. Il importe donc pour le libraire de diminuer le plus possible la proportion de ses frais.

D’autre part, la clientèle veut que l’on aille vite. Le livre est d’autant plus désiré que l’on a pu le trouver immédiatement.

C’eut de cette nécessité de restreindre fortement les frais du libraire et de le réapprovisionner promptement que sont nées les maisons de commission.

253.232 COLPORTAGE. LIBRAIRIE AMBULANTE.

a) Les colporteurs ont joué un grand rôle depuis l’invention de l’imprimerie. Ils vendaient ordinairement des livres bon marché, almanachs, ouvrages religieux ou de caractère populaire. Ils furent les précurseurs du « quai » à Paris. Leurs services furent requis souvent par des sociétés religieuses et d’autres propagandistes. Au XVIe siècle, en Angleterre, ils ont répandu les tracts des Puritains, des royalistes, des catholiques. Au XIXe, ils ont distribué des Bibles et des tracts religieux.[2]

  1. Svlvain Bonmariage, Mercure Universel, juin 1932, p. 27.
  2. Charles Nisard. — Histoire des livres populaires ou de la littérature du colportage. Paris, Amyot, 1854. 2 v.