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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/358

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LES ADMINISTRATIONS

a) La Vie humaine et les autres formes d’existence, b) La Société et la partie non sociale de l’existence de l’homme, c) Le Gouvernement et la Vie sociale privée, d) L’Administration et les autres modes d’activité officielle, e) La Documentation et les autres fonctions de l’ordre administratif.

2. — L’Administration.

La notion de documentation administrative est fonction des notions de documentation, d’une part, d’administration, d’autre part.

Or, la notion de la documentation s’est transformée ; la notion de l’administration aussi. C’est qu’en dépit des apparences, en dépit des régressions momentanées, locales ou spéciales, la civilisation et le progrès général sont à l’œuvre partout, transforment tout et chaque chose. C’est peu ou mal comprendre le processus dans lequel nous sommes indétachablement engagés que de ne pas envisager de ce point de vue les grands problèmes. Cette formule en triptyque doit l’emporter : « À civilisation nouvelle, administration nouvelle ; à administration nouvelle, documentation nouvelle ».

3. — Processus à l’œuvre dans les sociétés.

Les grands processus qui sont simultanément à l’œuvre et influent les besoins de la documentation sont notamment ceux-ci :

a) Notre société s’« économise » ou s’« industrialise » de plus en plus, c’est-à-dire qu’elle attend sa vie matérielle d’une extension du machinisme, d’une production en grand et, partant, d’une concentration de toutes tes fonctions économiques.

b) Elle s’« intellectualise ». c’est-à-dire qu’à l’empirisme se substitue la rationalisation ou application raisonnée de la science.

c) Elle s’« universalise », c’est-à-dire qu’elle étend ses structures et ses activités à la fois dans les divers domaines (liaisons étroites de tous les départements de la vie sociale) ; dans l’espace (tous les pays) ; dans le temps (continuité évolutive du processus en visant à un développement progressif constant).

d) Dans l’ensemble des activités sociales, à côté de celles des individus et des groupes, les activités de l’État et de ses divisions (central, régional, local) accroissent leur importance comme organes de la coordination des activités individuelles et comme agents des activités collectives utiles à la communauté tout entière.

e) L’administration revêt des formes nouvelles qui toutes requièrent un développement de la documentation.

4. — Formes caractéristiques nouvelles de l’administration.

a) Que l’on envisage la formule communiste (collectivisme, marxisme) ou la formule dictatoriale (fascisme) on aboutit des deux côtés à un développement des fonctions de l’État avec, comme corollaire, celui de l’administration.

La conception d’une administration limitée a dû céder presque partout à celle d’une large intervention des pouvoirs publics dans la vie économique, sociale et intellectuelle. Tout à l’extrême est maintenant l’administration communiste de la Russie des Soviets. L’Allemagne est à demi socialisée. En Autriche, à Vienne, la municipalité est intéressée dans 66 entreprises, principalement dans celles du bâtiment, des constructions électriques et des machines. Cet intérêt dépasse la moitié du capital pour certaines entreprises et même la totalité pour d’autres.

La grande transformation, c’est que maintenant l’administration doit être au service du public et non pas l’inverse. Comme sous le régime aristocratique ou oligarchique où l’administration était l’organe du prince ou des élites privilégiées, l’administration, organe de la collectivité doit assumer tout ce qu’il est plus efficient de lui faire faire en commun et par voie réglementaire plutôt que de le confier aux particuliers livrés à eux-mêmes. L’administration alors apparaît comme un énorme appareil, une machinerie dont il importe de savoir se rendre maître pour qu’à son tour elle ne se rende pas elle-même maîtresse de ses maîtres.

b) Aux formes traditionnelles, l’administration ajoute des formes nouvelles. Grandissent considérablement, en ce moment, les entreprises ou services de nature mixte. Jusqu’ici, on n’avait comme formes juridiques de l’activité de la puissance publique dans l’ordre économique, que la régie et la concession. La régie dans laquelle la collectivité publique se fait entrepreneur, se charge de gérer elle-même le service à ses risques et périls, par ses propres employés et agents auxquels elle commande, qu’elle dirige et qui reçoivent des traitements et salaires fixes ; la concession par laquelle la collectivité publique confie l’établissement et l’exploitation du service à un entrepreneur privé, le plus souvent à une société, qui supporte les aléas de l’entreprise, mais est généralement seule à en cueillir les bénéfices et qui, sous la seule réserve de se conformer aux diverses stipulations du cahier des charges, peut la gérer suivant les méthodes et dans les conditions qui lui semblent les meilleures.

À ces deux systèmes et comme modalité s’ajoutent le système de la régie intéressée, où l’exploitation est confiée à un régisseur (individu ou société), rémunéré proportionnellement à la dépense et aux bénéfices : et le système de l’affermage, ou remise de l’exploitation à un intermédiaire qui paye une redevance forfaitaire en gardant pour lui le reste des bénéfices.

La formule de l’économie mixte associe la collectivité concédante, représentant l’intérêt public avec la compagnie concessionnaire, représentant le caractère industriel de l’entreprise ; elle partage entre les deux parties contractantes les charges sociales, les responsabilités de la gestion, les bénéfices et les pertes : cette formule relie en quelque sorte toute la puissance publique à l’activité privée : elle offre une conciliation entre le droit public