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Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/96

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ÉLÉMENTS INTELLECTUELS


roman de Sinclair Lewis, l’auteur de Babbitt, a été publié simultanément le même jour en 17 langues.

2. La Commission de Coopération intellectuelle a demandé que soit signalé, pour être traduit en plusieurs langues, le meilleur livre de chaque pays. Elle a aussi fait procéder à un « Index Traductionum ».

3. Les éditions polyglottes combinent plusieurs langues en un même ouvrage. La Bible polyglotte de Plantin est un exemple typique. On a publié des œuvres classiques de traduction en deux colonnes intralinéaires ou infra-marginales.

Pendant la guerre, Rizoff, Ministre de Bulgarie à Berlin, a publié un ouvrage en quatre langues juxtaposées, traitant des frontières historiques de la Bulgarie.

4. Les traductions d’ouvrages scientifiques sont souvent des adaptations à un nouveau public, elles sont ainsi mises à jour de recherches récentes.

223.92 Signalisation.

La signalisation est une forme de langage, mais qui s’exprime à l’aide d’instruments matériels. Les signes sont à l’état de repos ou de mouvement. Par ex. : la signalisation des routes, des chemins de fer, de la navigation, des langues. La signalisation des contrebandiers entr’eux. Les signaux sont optiques ou acoustiques ou tous deux à la fois : les uns et les autres peuvent être fixes ou mobiles.

On a établi des signalisations à tort et à travers. Nous sommes entourés de signaux. C’est la tour de Babel de la signalisation. Une standardisation, une corrélation s’impose : Une Signalisation Universelle.

223.93 Corrélations de la langue.

La langue a de nombreuses corrélations. Dans un cours récent à la Sorbonne reproduit sous le titre de « L’Homo Loquens » (Annales de l’Université de Paris, mai 1931. p. 218-233). M. Léon Brunschwig a donné une belle synthèse des conceptions à travers l’histoire du langage, de ses rapports avec la pensée et avec la logique, et incidemment avec la classification.

224 Éléments intellectuels. Les formes d’exposés.

224.0 Vue d’ensemble.

1. Les éléments intellectuels, ce sont les idées (conceptions, sentiments, activités, imaginations), ce sont les formes dans lesquelles s’expriment les idées (exposés scientifiques et didactiques d’une part, exposés littéraires et artistiques d’autre part). Le domaine des Sciences et de l’Enseignement a été et vraisemblablement ira en s’étendant immensément, celui des Lettres et des Arts aussi. En même temps la corrélation deviendra de plus en plus étroite entre la pensée et son expression. Le Livre écrit a rendu possible la concentration d’esprit nécessaire pour produire des œuvres approfondies, équilibrées, riches de substance et impeccables de forme. La mémoire du créateur livrée à elle-même n’aurait jamais pu atteindre ce résultat ; la pensée est si subtile, si fugitive qu’il faut savoir la fixer. L’ère des improvisations des premiers poètes est bien close. Mais qu’on songe à ce que l’algorithme, pur système de signes et de symboles, a été pour les mathématiques et on concevra l’importance de ces formes bibliographiques et documentaires. De plus en plus précises, mieux enchaînées les unes aux autres, elles se présenteront comme des moules tout préparés pour recevoir la pensée, pour l’exprimer avec un maximum de force, de clarté et par conséquent d’efficience. Ces formes, ces moules, seront le résultat de l’effort collectif, additionné et progressant. Joints à la préoccupation de mieux classer les idées, de diviser les textes pour faire davantage ressortir le classement et les rapports, ils feront de plus en plus, du livre, un langage supérieur entièrement réfléchi, se superposant au langage normal des relations usuelles qui, lui, est tout spontané. Un tel langage sera l’instrument adéquat à l’édification des immenses architectures d’idées que constitueront de plus en plus nos Sciences, nos Enseignements, nos Lettres et nos Arts, partis, eux aussi, du savoir et du faire primitif pour s’élever jusqu’à l’intelligence et l’action raisonnées.

Ainsi entrevu, le Livre devient le moyen d’élaboration de la pensée humaine, la concrétion de cette pensée à ses degrés les plus élevés. La Bibliologie ne se borne plus à être technologique. Elle devient, on l’a vu, psychologique, pédagogique, sociologique.

2. Dans la présentation du sujet ici, il y a lieu de distinguer les questions suivantes : a) les règles de la composition littéraire en général, le terme littéraire s’étendant ici à tout ce qui est lettre ou écrit, donc à la science et à la technique non moins qu’à la littérature. La composition littéraire est dite aussi Rhétorique ; b) le style en général ; c) les divers types d’exposés ; d) les diverses espèces d’ouvrages ou formes de livre ; e) l’ensemble de livres qu’on peut distinguer en scientifiques d’une part et littéraires d’autre part.[1]

3. La forme d’un livre est très différente selon qu’il s’agit d’une œuvre littéraire ou d’une œuvre scientifique. Fantaisie et imagination dans un cas ; rigueur scientifique et rationalisation dans l’autre. Cependant les formes d’exposés, qu’elles soient littéraires ou scientifiques, ont de commun de nombreux éléments qu’il convient d’examiner ensemble.

  1. Tout ce qui concerne la Littérature est classé ci-après ainsi que tout ce qui concerne les Écrivains. Pour l’étude des formes, voir aussi ce qui est dit sous Formules, Bilan et Méthodes pédagogiques.