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Page:Owen jones - Grammaire de l ornement, 1856.djvu/139

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ORNEMENTS MAURESQUES.

morceau d’ornement mauresque en blanc, indiquer, avec une certitude presque absolue la manière dont il a été colorié. Les formes architecturales étaient dessinées de manière à être parfaitement en rapport avec le coloris qu’elles devaient recevoir subséquemment, de sorte que la surface indique d’elle-même les couleurs qui devaient la couvrir. Ainsi en employant le bleu, le rouge, et l’or, les Maures avaient soin de mettre ces couleurs dans des positions, où elles étaient vues le mieux et où elles pouvaient contribuer le plus à rehausser l’effet général. Dans les surfaces modelées, ils plaçaient le rouge, qui est la plus forte des trois couleurs, dans les profondeurs, où l’ombre peut adoucir la couleur, mais jamais sur les surfaces ; le bleu se mettait à l’ombre, et l’or sur toutes les surfaces exposées à la lumière ; car il est évident que c’est le seul arrangement qui puisse donner à ces couleurs toute leur valeur. Les différentes couleurs sont toujours séparées, soit par des bandes blanches, soit par l’ombre produit par le relief de l’ornement même — et c’est le principe qu’il faut absolument observer dans le coloris, où il ne faut jamais permettre que les couleurs se touchent au point de se mêler à leur ligne de contact.

14. Dans le coloris des fonds des différents ornements diaprés, c’est le bleu qui occupe toujours les aires les plus grandes ; ce qui est parfaitement d’accord avec la théorie de l’optique et avec les expériences faites à l’aide du spectre prismatique. Les rayons de lumière se neutralisent, à ce que l’on croit, dans les proportions de 3 de jaune, 5 de rouge, et 8 de bleu ; il faut donc une quantité de bleu égale au rouge et au jaune, le tout mis ensemble, pour produire un effet harmonieux, et pour empêcher qu’une couleur ne prédomine sur les autres. Dans l’« Alhambra, » où le jaune est remplacé par l’or, qui tend vers un jaune-rougeâtre, le bleu se trouve encore en plus grande quantité, pour contre-balancer la tendance naturelle du rouge d’accabler les autres couleurs.

DESSINS ENTRELACES.

Déjà au chapitre IV. nous avons remarqué que selon toute probabilité, on pourrait faire remonter


Diagramme No. 1.

Diagramme No. 2.

l’immense variété des ornements mauresques formés par l’intersection de lignes équidistantes, à la frette arabe, et de là, à la frette grecque. Les ornements de la planche XXXIX. sont construits d’après deux principes généraux. Les numéros 1-12, 16-18, sont basés sur un principe (Voy. Diagramme No. 1), et le numéro 14 est basé sur l’autre (Voy. Diagramme No. 2). Dans la première série, les lignes sont équidistantes et croisées diagonalement sur chaque carré, par des lignes horizontales et perpendiculaires. Dans le système sur lequel est basé la construction du numéro 14, les lignes perpendiculaires et horizontales sont équidistantes, et les lignes diagonales ne croisent que chaque second carré alternativement. Le nombre de patrons, qu’on peut reproduire par ces deux systèmes, est infini ; et en examinant la planche XXXIX., on verra que cette variété peut être augmentée encore, par la manière de colorier

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