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Page:Owen jones - Grammaire de l ornement, 1856.djvu/221

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ORNEMENTS MOYEN-AGE.

mesure qu’ils devinrent moins idéalisés et qu’ils trahirent la tendance d’imiter plus fidèlement la nature, ils perdirent leurs beautés particulières, et cessèrent d’être une ornementation pour les différentes parties architecturales des édifices qu’ils devaient décorer ; ils n’en firent plus partie, pour ainsi dire, et ne devinrent que des ornements appliqués sur une surface architecturale.

Dans les chapiteaux des colonnes du style ogival du 13ème siècle, les ornements s’élancent directement


Pris de l’Église de Stone, comté de Kent. Publié par la Société Topographique.


du fût, et se divisent au-dessus du gorgerin en une série de tiges, dont chacune se termine par une fleur ; ce qui est analogue au mode de décoration des chapiteaux des colonnes égyptiennes. Dans le style décoré, au contraire, où l’architecte a tenté une imitation plus fidèle de la nature, il ne lui a plus été possible de traiter la feuille comme faisant partie du fût ; et par conséquent il a été obligé de terminer le fût par une campane, autour de laquelle s’enroulaient les feuilles. Plus l’artiste s’est avancé dans cette voie d’imiter de près la nature, plus l’arrangement de sa composition a perdu de son caractère artistique.

La même chose arrive à l’égard des bosses qui couvraient l’intersection des côtes. Dans les bosses sur les voutes du style ogival du 13ème siécle, les tiges des fleurs formant les bosses étaient une continuation des moulures des côtes, tandis que dans les périodes subséquentes les intersections des côtes furent cachées par les bosses elles-mêmes, qui devinrent des ornements appliqués sur la colonne, comme l’était la feuille d’acanthe sur la campane du chapiteau corinthien.

Dans les tympans des arcs, tant qu’on s’en tint au traitement conventionnel de l’ornement, une tige mère vigoureuse serpentait sur le tympan, de la quelle s’élançaient des feuilles et des fleurs ; mais lorsqu’on en vint à tenter d’imiter la nature, la tige cessa de constituer la forme de l’ornement, et perdit toute sa grace par la tentative de l’artiste de vouloir reproduire avec de la pierre la douceur de l’objet naturel. La tige mère comme caractère principal de l’ornementation, disparait par degré, et nous voyons souvent les tympans couverts de trois immenses feuilles s’élançant d’une tige torse placée au centre.

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