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Page:Owen jones - Grammaire de l ornement, 1856.djvu/284

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ORNEMENTS DU TEMPS D’ÉLISABETH.

plusieurs des formes qui caractérisaient la première école vénitienne de la renaissance. Holbein mourut en 1554, mais Jean de Padoue lui survécut bien des années, et c’est lui qui fournit le dessin du superbe hôtel Longleat vers l’an 1570. À l’occasion des funérailles d’Édouard VI., 1553, mention est faite dans le règlement de la procession, (Archœol. vol. xii., 1796) des noms d’Antony Toto (cité ci-dessus), de Nicholas Lyzarde, peintres, et de Nicholas Modena, sculpteur ; tous les autres noms des maîtres-maçons, etc. sont Anglais. À une époque plus récente, pendant le règne d’Élisabeth, nous ne trouvons que deux noms italiens à savoir celui de Federigo Zucchero) dont la maison à Florence dessinée, dit on, par lui-même tendrait plutôt à prouver que le style d’architecture anglais a exercé de l’influence, sur lui que vice versâ, et de Pietro Ubaldini, peintre de livres enluminés.

C’est la Hollande qui fournit à l’Angleterre le plus grand nombre des artistes de cette époque, pendant laquelle se forma véritablement le style dit du temps d’Élisabeth : Lucas de Heere de Gand, Cornelius Ketel de Gouda, Marc Garrard de Bruges, H. C. Vroom de Haarlem, peintres ; Richard Stevens, hollandais, qui a exécuté le monument de Sussex, à l’église de Boreham, Suffolk ; et Théodore Haveus, de Clèves, l’architecte des quatre portes, Humilitatis, Virtutis, Honoris, et Sapiential, de Caius Collége, Cambridge, et qui a dessiné et exécuté, en outre, le monument du Docteur Caius, vers l’an 1573. À la même époque nous rencontrons déja une nombreuse phalange d’artistes anglais, dont nous citerons comme le, s plus remarquables les architectes, — Robert et Bernard Adams, les Smitbsons, Bradshaw, Harrison, Holte, Thorpe, et Shute (celui-ci a été l’auteur du premier ouvrage scientifique en anglais, sur l’architecture, 1563) ; Hillier orfèvre et bijoutier ; et Isaac Oliver, peintre de portraits. La plupart des architectes que nous venons de nommer exerçaient leur art au commencement du dix-septième siècle, époque à laquelle la publication des «  Elements of Architecture,  »[1] par Sir Henry Wooton, contribua à répandre l’étude du nouveau style. Bernard Jansen et Gerard Chrismas, natifs de Hollande l’un et l’autre, jouissaient d’une grande vogue pendant le règne de Jacques I. et de Charles I., et la façade de Northumberland House, Strand, est leur œuvre.

Quelque temps avant la fin du règne de Jacques I. — i. e. en 1619 — le nom de Inigo Jones marque à peu près la décadence complète du style du temps d’Élisabeth, décadence dont la reconstruction du palais de Whitehall donna le signal, fournissant en même temps un exemple qui ne pouvait manquer de produire une révolution complète dans l’art. Du reste, le style « Palladien » du seizième siècle avait été introduit déja auparavant par Sir Horatio Pallavicini, qui appliqua ce style à sa maison (démolie à présent) à Little Shelford, Cambridgeshire ; et quoique Nicholas Stone et son fils, architectes et sculpteurs, aient continué à suivre l’ancien style, dans les monuments funèbres surtout, celui-ci céda bientôt la place au genre plus pur, mais moins pittoresque des meilleures écoles italiennes.

Ainsi en partant de 1519, époque d’où datent les œuvres de Torrigiano à Westminster, et descendant à la date de 1619, époque à laquelle Inigo Jones commença la construction de Whitehall, nous embrassons le siècle du style du temps d’Élisabeth, et la plupart des œuvres exécutées pendant ce temps appartiennent à la période dite Élisahéthéenne.

Dans la liste des artistes que nous avons donnée ci-dessus, on remarque un mélange variable de noms italiens, hollandais, et anglais. Dans la première période, règne de Henri VIII., ce sont les Italiens qui prédominent, au nombre desquels nous croyons pouvoir placer le célèbre Holbein, car ses ouvrages de luxe en métal, etc. — comme par exemple le gobelet qu’il a dessiné pour Jane Seymour, le poignard et l’épée faits probablement pour le roi — sont empreints d’une grace et d’une pureté de style dignes de Cellini lui-même. Les arabesques qu’il a peintes dans le grand tableau de Henri VIII.

  1. On dit que les ouvrages de Lomazzo et de De Lorme ont été traduits en Anglais pendant le règne d’Élisabeth, mais nous n’en avons jamais vu un seul exemplaire.
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