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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/101

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XVI
À M. ERNEST FALCONNET.
Paris, 7 janvier 1834.

Mon cher Ernest,

Tu dis qu’il fait sombre dans ton avenir, et tu crois que le soleil le plus pur éclaire le mien : oh que tu te trompes ! J’éprouve en ce moment une des peines peut-être les plus grandes de la vie, l’incertitude de la vocation. Ceci soit secret entre nous ; mais telle est la fois la flexibilité et la mollesse de mon naturel, qu’il n’est pas une étude, pas un genre de travaux qui n’eût pour moi des charmes et dans lequel je ne puisse assez bien réussir, sans toutefois qu’il y en ait un capable d’absorber toutes mes facultés -et de concentrer toutes mes forces. Je ne puis m’occuper d’une chose sans songer à mille autres, et cependant, tu le sais, nulle œuvre ne peut être grande, si elle n’est une. Ignorant que j’étais, j’avais cru autrefois que je pourrais être en même temps savant et avocat, et mener deux vies ensemble. Aujourd’hui que j’approche du terme