Aller au contenu

Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

projets, moi aussi, au milieu de mes tristesses, j’ai souri à votre prochain bonheur car votre bonheur à vous n’est pas celui que rêvent les hommes vulgaires il doit être sérieux~, cherché dans un ordre de jouissances où se rencontrent beaucoup de sacrifices ;.Il doit s’attacher à des vertus nouvelles que vous allez pratiquer. La bénédiction du ciel sera sur votre tête, mais des soucis inconnus jusqu’à ce jour pèseront sur votre front. La paternité est aussi une sorte de royauté, une espèce de sacerdoce. Votre vocation est difficile, mais elle est belle, mais elle est grave, mais elle est certaine. Vous êtes fortuné de toucher ainsi au terme de ces agitations qui tourmentent un si grand nombre d’entre nous, inquiets, mal-assurés de la destinée qu’en ce monde la Providence leur prépare : Vivitis felices quibus est fortuna peracta. Hélas ! mon cher ami, il n’y a que deux ans, nous habitions ensemble comme des frères et le souvenir de ce temps m’est doux, nos deux vies se confondaient et à un si petit intervalle, voyez comme il s’est déjà fait une effrayante divergence. Vous allez avoir deux familles, toutes deux prospères, toutes deux pleines d’espérance. Et moi, je vois se dissoudre la seule que j’avais, le vide se fait autour de moi, ma pauvre mère est malade;mes deux frères me manquent durant la plus grande partie de l’année. Vous abordez un avenir que tout