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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/271

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est pour moi une chose pleine de terreur, et c’est pourquoi je ne puis. m’empêcher de verser des larmes quand j’assiste à un mariage, comme lorsque je me trouve a une ordination ou à une prise d’habit. Je ne conçois pas la gaieté que l’on a coutume de rencontrer dans les noces.

Vous voyez que la vie ne m’apparaît pis semée de roses, et, si votre ciel est sombre, le mien ne l’est guère moins. Je vous dirai, pour ne vous rien taire, que des images encore plus noires s’y montrent quelquefois. Il y a un peu plus d’une semaine que la méditation prolongée de mes misères intérieures et, extérieures m’avait si fort bouleversé l’esprit, que j’étais arrivé à une impossibilité absolue de penser et d’agir. J’avais la tête en feu, tournée en tous sens par des idées désolantes, et la plus désolante de toutes était peut-être l’idée même de mon état actuel. L’excès du mal me fit recourir au médecin, au médecin veux-je dire qui a le secret, des infirmités morales et qui a le dépôt du baume de la grâce divine. Or, après que j’eus exposé avec une énergie qui en ces occasions m’est peu commune, mes tristesses et les sujets de mes tristesses a l’homme charitable que j’appelle mon père, que pensez -vous qu’il me réondit ? Il me répondit par ces mots de l’Apôtre : Gaudete in Domino semper . N’est-ce pas là pourtant une étrange parole ? Voilà un pauvre homme qui vient d’avoir le plus grand