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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/321

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que ton infatigable agilité te fera regarder cette distance comme peu considérable et te permettra de venir me visiter souvent.

Je t’ai assez entretenu de moi je suis empressé d’apprendre à mon tour bien des choses et tes pages amicales sont encore loin de me mettre, comme je voudrais, au courant de ta situation et de tes idées. Nous causerons de cette histoire de saint Louis : c’est, ce me semble, un des plus beaux sujets qui se puissent traiter ; mais six mois te suffiront-ils ? Crois-moi, le moyen âge est un peu comme les îles enchantées dont parlent les poètes on y aborde en passant et seulement pour quelques heures ; mais on y cueille des fruits, on s’y désaltère à des fleuves qui font oublier la patrie, c’est-à-dire le temps présent ; ou, pour s’exprimer d’une façon plus simple, on y est vraiment captivé par le charme des faits, des mœurs, des traditions on est retenu par la multitude des documents. Pour moi, je sais que mes études sur Dante m’ont fait éprouver quelque chose de pareil à mon voyage de Rome ; cette servitude douce et volontaire, qui enchaîne l’âme parmi les ruines, la fait se complaire aussi au milieu des souvenirs. Et que sont les souvenirs, sinon d’autres ruines plus tristes et en même temps plus attachantes que celles que le lierre et la mousse recouvrent ? Et n’est-il pas aussi pieux de s’arrêter aux légendes et aux. traditions de nos pères que de s’asseoir sur les dé--