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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/381

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« Toujours nous partagions les mêmes ministères,
« Et longtemps sous vos yeux nous vécûmes en frères.
« Puis, lorsque tous les deux sur terre descendus,
« Nous y dûmes guider deux d’entre vos élus,
« Vous promites, Seigneur, qu’un jour leurs destinées
« Viendraient se réunir en nos mains fortunées.
« Ce qui s’est fait depuis, vous ne l’ignorez pas
« Il fallut séparer notre sort et nos pas.
« L’un de nous s’arrêta près d’une jeune fille
« Fleur qu’abrita toujours l’ombre de la famille,
« Qui, s’épanouissant loin des sentiers battus,
« Se parfuma bientôt de grâce et de vertus.
« A l’autre fut donnée une tâche plus rude
« Il suivit un chrétien aux luttes de l’étude,
« Aux écoles du siècle, où souvent la raison,
« Au vin de la science a mêlé le poison
« Où souvent, enivrés de voluptés amères,
« Les fils à leur retour ont fait pleurer leurs mères
« Lui, de graves pensers il nourrissait son cœur
« Il crut, et défiant tous les vents de l’erreur,
« Ardente et toujours pure il rapporta son âme,
« Lampe dont la tempête a respecté la flamme.

« Et maintenant, Seigneur, si votre volonté
« Tous deux nous ramena dans la même cité,
« C’est qu’il est temps de voir vos promesses remplies,
« Il est temps de confondre en une ces deux vies,
« D’associer nos soins et d’unir sans retour
« Ces justes pour lesquels a veillé notre amour.
« Nous étendrons sur eux nos ailes fraternelles
« Ensemble ils s’essaieront à des vertus nouvelles,
« La paix et le bonheur joncheront leurs chemins.
« Les pauvres connaîtront l’aumône de leurs mains
« Et leurs enfants pieux et beaux comme nous sommes
« Iront multipliant le bien parmi les hommes »

« Ils se turent, et Dieu parla « Je vous bénis,
« Mes bien-aimés, dit-il ; allez, soyez unis !… »