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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/388

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LXVI
À M. LE COMTE DE MONTALEMBERT
Lyon, 27 août 1839 et mai 1840.

Monsieur le comte,

Mon départ précipité de Paris m’a laissé le regret de ne pouvoir selon mon désir vous revoir encore, et vous exprimer combien m’a profondément touché votre accueil. Il n’est donné qu’à notre divine cause de rapprocher ainsi les plus inégales destinées, et d’effacer entre elles toutes les distances pour ne former qu’une seule famille où la foi et la charité tiennent lieu de rang. C’est surtout lorsque le doux entourage que la nature nous avait donné vient à tomber, brèche par brèche, sous les coups de la mort, c’est alors, qu’on se sent heureux de pouvoir se réfugier dans cette seconde enceinte que prépare pour nous l’amitié chrétienne. Aussi n’en avais-je jamais plus vivement apprécié les consolations que durant ce passage trop court au milieu des nôtres j’en sors délassé, retrempé, ranimé, comprenant mieux qu’autrefois cette parole du Sauveur qui s’accomplit quelquefois par le