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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/412

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saire pour visiter raisonnablement Bruxelles, Anvers, Ostende, Gand et Liège. On se croirait transporte dans l’Empire de Lilliput. Et puis cette miniature de nation n’est elle-même que le portrait réduit de trois autres nations une triple contrefaçon de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne. Contrefaçon partout, dans les mœurs, dans le costume, dans l’architecture, jusque dans la langue. Le peuple parle Wallon et Flamand, c’est-à-dire un patois d’origine Romane et un autre d’origine Germanique, mais tous deux détestables. Le français officiel du gouvernement et des journaux ne vaut guère davantage. Les productions littéraires du cru se distinguent par un goût de terroir ; en toutes choses règne une certaine gaucherie qui. accompagne toujours l’imitation, quand elle n’est pas sûre d’elle-même. On tremble à chaque instant que ce pauvre Lion Belge ne montre le bout de l’oreille. Cependant, après un premier mouvement de bonne humeur bien pardonnable en présence de tant de prétentions et de contrastes risibles, il faut faire place à des réflexions sérieuses. Et d’abord, prenez garde que cette brièveté des distances, ce rapprochement des frontières, dont nous plaisantions tout à l’heure, n’était qu’une admirable illusion, un miracle du travail. Si le royaume se traverse en une demi-journée, c’est qu’en une demi-journée le char que la vapeur emporte, mesure