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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/445

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étonné de vous écrire dans le style le plus fantastiquedu monde.

Et quoi de plus fantastique, en effet, que cette longue suite de tableaux qui se sont succédé devant nous, remuant avec eux tant de pensées et de souvenirs ? D’abord une nature admirable et qui dépasse toutes les conjectures de l’imagination. Ce golfe de Naples et les. deux autres de Gaëte et de Salerne, tous trois si bien dessinés, tous trois déployant avec majesté les harmonieux contours de leurs rivages, de leurs promontoires et de leurs îles. Partout une végétation ardente, tropicale les arbres verts et les plantes grasses, se mêlant aux ombrages épais et à la fraîche culture des pays du Nord. Les vignes suspendues en festons innombrables aux peupliers, pour laisser place au-dessous à des récoltes plus modestes, de millet et de maïs. Des bois d’orangers avec des buissons de myrtes et d’aloès. Puis un ciel si pur, une lumière si transparente que les formes des objets s’y découpent avec une netteté parfaite, et semblent plus voisines à l’œil trompé. Sur cette voûte toujours bleue un seul nuage blanc flotte du côté du Midi : c’est la fumée du Vésuve dont la masse imposante occupe le premier plan, tandis qu’à perte de vue l’horizon est formé par la chaîne orgueilleuse de l’Apennin. Sur cette scène si richement décorée apparaissent tour à tour les civilisations successives qui l’a-