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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/52

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table, me couchant dans mon lit, allant de ma table à mon bûcher et du bûcher au poêle. On déjeune à dix heures, on dîne à cinq heures et demie tous ensemble, M.. Ampère, sa fille et sa sœur. M. Ampère est causeur, sa conversation est amusante, et fort instructive j’ai déjà appris bien des choses depuis. que je suis auprès de lui. Sa fille parle assez bien et prend part à ce que l’on dit. M. Ampère m’a paru très-caressant pour elle, mais il l’entretient habituellement de science. Doué d’une mémoire prodigieuse pour tout ce qui est scientifique dans quelque ordre de connaissances que ce soit, il est oublieux pour toute affaire de ménage. Il a appris le latin tout seul. Il ne fait de vers latins que depuis deux anset les fait très-bien. Il possède l’histoire à merveille, et lit avec autant de plaisir une dissertation sur les hiéroglyphes qu’un recueil d’expériences de physique et d’histoire naturelle. Tout cela chez lui est instinctif. Les découvertes qui l’ont porté au rang où il est aujourd’hui lui sont venues, dit-il, tout à coup. Il termine en ce moment un grand projet d’encyclopédie.

Eh bien, voilà l’homme excellent chez lequel je me trouve installé, n’en êtes-vous pas bien aise, mon bon père ? J’oubliais de vous dire qu’un ton parfait de politesse règne dans la maison. J’oubliais aussi de vous donner mon adresse rue des Fossés-Saint-Victor, n° 19.