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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/125

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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM


Père.» Avec ces paroles, l’allégresse descend sur toute l’assemblée des Saints. La Vierge surtout est admirable ; enveloppée dans une draperie blanche étoilée d’or, on la voit tout émue de bonheur et d’amour. Il faut bien reconnaître alors que le Bienheureux a aussi sa passion dont il est le peintre. Angelico est le peintre de la à joie, il aime a en répéter les expressions, quoiqu’il les varie à l’infini, depuis les traits ravis dans la contemplation de Dieu jusqu’aux anges embrassant si tendrement les âmes sauvées èt formant avec elles des danses éternelles sur l’herbe fleurie du Paradis. Cependant le peintre angélique ne recule point devant les vérités sévères de l’Évangile. Mettant une seconde fois la main au même sujet, il choisit le moment où le Sauveur se retourne vers les réprouvés : Ite, Maledicti. La pose du souverain Juge n’est point celle d’un proconsul romain, comme à la chapelle Sixtine c’est celle du Christ des Improperia: « Mon peuple, que t’ai-je fait. » Un reproche plein de douceur ; un Dieu qui ne damne point, mais qui ne peut empêcher le pécheur de se damner. En même temps, une tristesse infinie enveloppe toute la cour céleste ; la Vierge elle-même est frappée de crainte et de douleur. Dans le Jugement Dernier, tous les personnages sont vêtus ; mais les réprouvés de l’enfer sont nus comme dans Orcagna. Le nu est même traité avec