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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/13

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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

Il faut se relever vers le ciel quand on est frappé sur la terre. J’ai peur que tout ceci ne remue un peu trop ton imagination, déjà trop portée aux pensées mélancoliques. À mesure qu’on est plus isolé ici-bas, il faut au contraire y devenir plus fort et plus courageux. Il faut dans les heures de tristesse, quand la vie est lourde à porter, il faut se souvenir que tout ce qui passe est court, et que dans quelques années nous retrouverons ceux qui nous manquent. Mais en même temps rappelons-nous que nous ne les retrouverions pas, qu’ils ne nous recevraient point, si nous nous présentions au rendez-vous les mains vides, et que ces jours rapides passés sur la terre doivent être bien remplis. Ils ne le seront que par l’accomplissement fidèle de la vocation à laquelle on est destiné : cette vocation, il la faut connaître, il la faut suivre : souvent, et j’en ai fait l’expérience, Dieu nous laisse à cet égard dans une longue incertitude ; mais il ne refuse jamais ses lumières au moment du besoin. Il y a à cet égard, dans l’Oraison dominicale, une prière qu’on ne médite peut-être point assez : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; » c’est-à-dire, non point comme en enfer où elle s’accomplit par force et par contrainte, non comme parmi les hommes où souvent on la fait avec ignorance ou avec murmure, mais comme parmi les anges où on la sert avec intelligence et avec amour.