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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/18

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ANNÉE 1842

nous faisions ensemble le soir au pied du crucifix. Enfin souvent, — je ne le dirais à personne, mais à toi je puis le dire, — lorsque j’ai le bonheur de communier, lorsque le Sauveur vient me visiter, il me semble qu’elle le suit dans mon misérable cœur, comme tant de fois elle le suivit, porté en viatique, dans d’indigentes maisons et alors j’ai une ferme croyance de la présence réelle de ma mère auprès de moi.

Et comment, en effet, elles qui ont été ici-bas comme des anges, mais des anges souffrants, qui ont connu les chagrins et les douleurs sans avoir à expier pour elles-mêmes, comment ne seraient-elles pas entrées en immédiate possession de la gloire et du bonheur ? Et pour elles est-il une autre gloire que leurs enfants, un autre bonheur que le nôtre ? Qu’est pour elles le ciel même, si nous n’y sommes pas ? Je suis donc très-persuadé que nous les occupons encore ; qu’elles vivent pour nous, là comme ici qu’elles n’ont changé que par une plus grande puissance et un plus grand amour.

Désormais chacune de nos bonnes actions, chacune de nos félicités est un de leurs bienfaits. Tu le sentiras aussi, tu fus toujours trop fidèle aux enseignements de ta mère, trop respectueux pour sa vertu, trop pénétré de son esprit, pour ne pas la revoir sous cette forme immortelle dont elle est revêtue. Tu es de ceux qui savent la valeur