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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/305

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Leur front brun s’arrondit sous un chapeau coquet,
J’adore ce costume : il occupe son homme
Et ne tolère point qu’un petit-maître chôme
Car s’il ne retient pas sa culotte à la main,
L’utile vêtement l’abandonne en chemin.
Les dames étalaient, en habits, des dimanches,
L’édifice orgueilleux de leurs cornettes blanches,
Et les petits Bretons, à l’envi bretonnants,
Se suspendaient en grappe aux pins environnants.

Quand un cri tout à coup a soulevé la foule
Tel aux rocs de Penn-March le vent pousse la houle.
Le combat s’échauffait, l’Hercule de céans
A saisi son rival entre ses bras géants,
Lorsque, lui se baissant pour recueillir sa force,
La chemise et la braie achèvent leur divorce,
Et promènent soudain à ce peuple moral
Un spectacle nouveau, mais peu municipal.
Mais le maire veillait sur la vertu publique.
Courageux magistrat ! vers le groupe athlétique
Il s’élance, et mettant la pudeur en repos,
La canne officielle intervient à propos.

Le reste se passa comme au siècle d’Homère
Le plus adroit des deux mit son. homme par terre,
Et triomphant, reçut pour prix de son savoir
Un, gras mouton, qu’il fit rôtir le même soir.
C’est alors que le cidre et le vin circulèrent
De buveurs trébuchants les gazons s’émaillèrent,