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LVI
A M. CHARLES OZANAM.
Truscat, 15 octobre 1850.

Mon bon frère,

Hier soir, en arrivant à Truscat, j’y ai trouvé une lettre d’Alphonse avec quelques lignes de toi. Celle que tu m’avais écrite à tout hasard chez M. de la Villemarqué ne m’a pas encore rattrapé. C’est qu’en effet j’ai fait depuis bien du chemin. Après avoir visité le port de Brest, nous étions partis pour Morlaix, en nous arrangeant de manière à voir sur le chemin Notre-Dame du Fol-Goat et Saint-Pol de Léon. Au quatorzième siècle vivait dans ces bois, près de Lesneven, un pauvre fou qui s’en allait matin et soir criant Ave Maria et mendiant son pain. Il mourut et fut enterré comme un chien, hors du cimetière, mais au bout de quelques semaines on vit fleurir sur sa sépulture un beau lis dont les feuilles portaient, en lettres d’or, Ave Maria. Aussitôt l’émoi se mit dans le pays, les pèlerins et les offran-